Chronique

David - Calvet - Kajdan

On Off

Jean-Michel Kajdan (g), Laurent David (elb, b), Jean-Christophe Calvet (dms).

Label / Distribution : Cream Records

Connue depuis près de cinq ans sous le nom de Kajdan Rough Trio, l’association entre Jean-Michel Kajdan (guitare), Laurent David (basse) et Jean-Christophe Calvet (batterie) est de celles qui vont droit au but, pour le meilleur d’une musique imprégnée d’un blues noueux et électrique flirtant volontiers avec des explorations nourries au jazz. Le guitariste, qui enseigne au département Musiques Actuelles Amplifiées au CRR de Paris et au Pôle Supérieur de Paris/Boulogne-Billancourt, est également intervenant pour le Centre des Musiques Didier Lockwood ; il a tourné depuis près de 40 ans un nombre impressionnant de pages musicales, en leader tout autant qu’en sideman et son expérience lui a valu des collaborations multiples dans le domaine du rock, du blues, de la variété, voire des musiques de film. Une assurance-énergie à lui seul. Le bassiste n’est pas en reste : créateur et directeur artistique du label www.alter-nativ.fr, spécialisé dans les musiques invendables (sic), il est impliqué dans le jazz comme dans le rock, les musiques improvisées et l’enseignement. Il publiait il n’y a pas si longtemps un réjouissant The Way Things Go et a évolué durant un temps aux côtés d’Ibrahim Maalouf avant de piloter une basse furieuse qui n’en finit pas de gronder au sein de l’Electric Epic de Guillaume Perret. On le retrouvera par ailleurs bientôt en action avec Excursus et la chanteuse Laurence Malherbe dans un hommage explosif à Franz Schubert et son poignant Winterreise. Quant à Calvet, enseignant comme ses camarades et qu’on a pu croiser entre autres dans le quintet du trompettiste Sylvain Gontard, il cite volontiers Jack DeJohnette, Max Roach, Tony Williams, mais aussi Michael Brecker, Jaco Pastorius, Chick Corea, Frank Zappa, Béla Bartòk ou même Yes et King Crimson parmi ses influences déterminantes. On peut trouver pire…

Du costaud a priori et avec On Off, un album homogène dont on apprécie tout autant les évidentes prouesses techniques (à ce niveau, les membres du trio n’ont rien à prouver, comme on l’aura compris) que l’engagement des musiciens dans une démarche qui se veut directe. « La seule contrainte que nous nous sommes fixée est celle de nous refuser à refaire quoi que ce soit a posteriori. La musique est celle qui a été enregistrée dans le studio par les musiciens, avec des prises de risque en temps réel et des choix immédiats assumés au fil des écoutes ». Certains titres ont même été composés directement en studio. Cette spontanéité, cette volonté de jouer au plus près, sans fard, transpire de chacune des douze compositions qui forment l’album et dont le format ramassé (entre trois et cinq minutes) est le gage d’une grande efficacité. La preuve, s’il en était besoin, que la ligne droite reste le plus court chemin pour relier deux points. Pour autant, On Off n’est un disque ni démonstratif ni convenu : loin de tout exercice de style ou d’une pratique stéréotypée de ce blues-rock qui l’habite et qu’il sait marier à l’improvisation, il distille sa petite musique aux accents nocturnes avec l’élégance de la liberté. Un très chouette moment de communion des énergies, pour dire les choses plus simplement. Et donc une cure à recommander à tous en ces temps moroses !