Avec Pianoïd en 2021, l’aventureux Édouard Ferlet ouvrait une nouvelle brèche dans son univers musical en explorant son clavier avec divers procédé électroniques, du Disklavier (le piano automatique de Yamaha) au boîtier midi. Habitué à la préparation du piano, Ferlet montre avec Pianoïd², nouvel avatar de cette exploration à la recherche de nouveaux sons, une démarche assez semblable. Pétri de musique écrite occidentale et de cinéma (« Inhale »), il teste seul les limites de son instrument mais aborde sa musique comme une multiplicité de doubles et de miroirs.
Chaque morceau de l’album est court, comme pour se donner un format plus pop ; à l’écoute de Pianoïd², on peut l’opposer au travail de Hans Lüdemann qui pense l’électronique comme un outil s’intégrant à un propos plus global, prompt à créer des chemins de traverse. Ici, l’électronique est un sujet, comme on l’entend sur « Twisted Mind » qui joue avec les rythmes et les climats avec une volonté de sonner synthétique et de donner les clés d’un nouveau langage. Avec le projet Pianoïd, Edouard Ferlet joue avec les codes, suggère ses maîtres et son amour de la musique baroque pour les confronter à l’électronique. Le pianiste s’amuse énormément et nous ouvre un monde plus intérieur, confronté à un questionnement futuriste. On aura soin de ne pas oublier sa boussole.