Chronique

Viret Trio

Ivresse

Jean-Philippe Viret (cb), Edouard Ferlet (p), Fabrice Moreau (dm)

Label / Distribution : Melisse

Vingt ans après sa création, le trio de Jean-Philippe Viret continue son parcours sans se soucier ni des modes ni du temps qui passe. Proposant une musique à la fois classique et éminemment moderne, il se fraie surtout un chemin au travers d’un monde qui n’appartient désormais qu’à lui. Ou plutôt qu’à eux, tant cette formation ne peut se penser que comme la somme augmentée de trois individualités.

Reprenant les caractéristiques qui ont fait la valeur des sept premiers disques, Ivresse est aujourd’hui enregistré en live et cette captation dans le vif apporte une griserie supplémentaire à la musique proposée. Les compositions soignées du contrebassiste (plus une de Fabrice Moreau et une autre d’Edouard Ferlet) évoluent dans un climat romantique contenu qui se construit avec une belle élégance, laissant les propositions circuler de l’un à l’autre avec une fluidité que rien n’accroche.

Si cette sensualité valorise la lisibilité d’un propos toujours formellement circonscrit, la manière de l’investir fait la richesse du trio. Les effluves classiques - Bach bien sûr - chères à Ferlet sont convoquées souvent avec malice tandis que la basse pleine de Viret, aux doigts comme à l’archet, confère une profondeur supplémentaire à ses échanges avec le piano. Fabrice Moreau quant à lui est un discret indispensable. Par ses formules délicates, il donne un allant permanent à chaque titre.

Avec une belle intelligence, les trois musiciens mobilisent ainsi leur savoir-faire et colorent leur musique de clairs-obscurs savamment impressionnistes, délicieusement mélancoliques. Surtout ils placent çà et là quelques chausses-trappes qui maintiennent l’attention en alerte et dynamisent un répertoire habile et chantant.