Chronique

Orchid Big Band

Eclosion

Label / Distribution : Déluge/Socadisc

Entre Bordeaux et Paris, le collectif Déluge avait choisi son nom en regard d’une composition de Wayne Shorter pour l’album Juju. Dirigé par le contrebassiste de Theorem of Joy Thomas Julienne, l’Orchid Big Band en est clairement le vaisseau amiral, à l’esthétique « entre Thad Jones et Stravinsky », pour reprendre les mots de l’orchestre, c’est à dire pas très loin de Carla Bley : On s’en apercevra dans le très écrit « La Machine d’Anticythère » qui permet de bien situer le propos. Dans cet orchestre volontairement paritaire, on retrouve, outre Clément Simon et Julien Dubois, tous deux à l’origine du collectif, des noms prestigieux comme la saxophoniste Olga Amelchenko, entendue dans le quintet de Musina Ebobissé ou le tromboniste Sébastien Llado.

Les trombonistes sont d’ailleurs à la fête dans cette musique aventureuse qui ne s’interdit pas de faire référence aux patrimoine (« Masque et Tuba ») ; on est heureux de découvrir de nouvelles musiciennes comme la remarquée Rozann Bézier ou Gabrielle Rachel qui donnent du relief à une musique qui ne s’interdit aucune direction, même celle où un humour festif l’emporte, à l’image du très dehorsien « Surfin’ » qui montre avant tout l’impeccable rythmique des dix-huit pupitres emmenés par la batterie de Gaetan Diaz et la contrebasse de Nolwenn Leizour, qu’on avait déjà entendu avec Roger Biwandu. Il y a de la joie, quelque chose de diablement coloré comme la fleur cartoonesque de la pochette et qui s’exprime également dans la luxuriance de « Jokari » où l’on redécouvre la guitariste Mathilda Haynes, déjà remarquée aux côtés de Magic Malik.

Orchid Big Band est de ces formation que l’on a envie d’entendre sur scène, et qui sait parfaitement le retranscrire en disque. Le propos est fluide et extrêmement bien dirigé, avec beaucoup d’espace et d’intelligence. On le constatera notamment avec « Petite Nuit », par son énergie et son mécanisme infaillible. Une dynamique que l’on retrouve également dans le plus sec « Traversée du désert et sa tempête » où après un aparté intimiste du piano de Clément Simon, l’orage est véhiculé par une armée de soufflant marqués par l’écriture cinématique. On y distinguera entre autre la remarquable section de trompettes où l’on découvre Julie Varlet et Laure Fréjacques, toutes deux impliquées sur la scène bordelaise. Un nouveau venu dans la galaxie des Grands Formats hexagonaux qu’on apprécie avec gourmandise.

par Franpi Barriaux // Publié le 3 septembre 2023
P.-S. :

Olga Amelchenko, Nora Kamm, Maxime Berton, Jeanne Michard, Julien Dubois (saxs), Gabriel Levasseur, Olivier Gay, Laure Fréjacques, Julie Varlet (tp), Rozann Bézier, Sébastien Iep Arruti, Gabrielle Rachel, Sébastien Llado (tb), Amina Mezaache (fl), Mathilda Haynes (g), Clément Simon (p), Nolwenn Leizour (b), Gaétan Diaz (dms), Thomas Julienne (dir)