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Edition du 28 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Expressions afro-américaines à Montreuil

Communiqué : ethnoArt présente :

  • Samedi 24 mai 2008
    de 16h à minuit,

« Expressions afro-américaines »

Maison Populaire de Montreuil (93)
9 bis, rue Dombasle 93100 Montreuil - Tél : 01 42 87 08 68
Métro : Mairie de Montreuil (Ligne 9)
Taris : 10 / 8 €

Le Pôle Ressources Musiques et Danses du Monde et l’association Ethnoart s’associent pour présenter une rencontre culturelle sur le thème des « Expressions Afro-Américaines » :

Une invitation au voyage…
« We are going on this trip, you all come along,
we’re going everywhere » (*)
Rahsaan Roland Kirk dans Vibration Society

Quelles sont les spécificités des expressions culturelles des Afro-Américains aujourd’hui ? On sait combien leur histoire a été douloureuse puisqu’ils ont été acheminés aux Etats-Unis en tant que marchandises et que leur sort en Occident a débuté dans les plantations. Aujourd’hui, cela fait 143 ans que l’esclavage a été aboli aux USA (le 18 mai 1865), 160 ans en France (en 1848). Dans les faits, les populations noires ont subi des transformations importantes de leurs modes de vies et repères culturels. L’Afrique est devenue un mythe, elle s’est transformée en eux et subsiste en l’état de « trace agissante ». Peu d’entre eux ont fait le voyage et souvent ce pèlerinage s’est révélé douloureux. Aux Etats-Unis, leur réalité collective et individuelle quotidienne a été de survivre dans un état ségrégationniste et malgré les luttes et les lois progressistes, le racisme est entré dans les mœurs. Sur le plan culturel et du vivre ensemble, les Afro-Américains (que l’on distingue des Africains ayant récemment immigré aux USA) ont recréé à travers la musique essentiellement, une culture et une identité qui vont au-delà de l’obtention des droits civiques. Du point de vue ethnologique et au sens d’Alexandre Pierrepont qui animera un débat sur le thème de la double conscience, il s’agit d’une invention culturelle. En effet, la musique a été surinvestie de sens, elle est devenue le lieu du groupe social (alors que d’ordinaire c’est plutôt l’inverse : le groupe social est le lieu de la musique) et a donné lieu à une grande créativité. Ainsi, beaucoup de genres musicaux ont des sources afro-américaines : le blues, le gospel, le funk, la soul, le be-bop, le free-jazz, le rap etc.. Au cours de cette rencontre, nous allons investir le champ de la musique afin de mieux saisir les différentes dimensions de la culture Afro-Américaine, d’en saisir quelques reflets de mettre en évidence le caractère mouvant, en perpétuelle transformation de leur culture (comme de toute culture).

(*) « Nous partons en voyage, vous venez tous, nous allons partout »


Tout d’abord, nous allons explorer le champ musical en images à travers l’épopée de Sun Ra ; puis nous irons aux racines du Blues avec un concert de Keith B Brown ; avant de donner champ libre à un quartette flamboyant de free jazz dirigé par Sabir Mateen, réuni exceptionnellement à l’occasion de cette rencontre. Une première ! Chaque escale musicale sera introduite en mouvements par Sébastien Lefrançois, danseur hip-hop et Katherine Josephau, danseuse contemporaine et improvisatrice. Enfin, le travail de l’artiste / curatrice Cheryl Bolden nous donnera à voir tout au long de cette journée l’héritage culturel de la diaspora africaine américaine selon son point de vue très contemporain.

  • 16h MOUVEMENTS : Ateliers hip hop de la Maison pop’
  • 16h30 FICTIONS ET REFLEXIONS
    Projection du film : « Space is the place », (1974, Doc, 82’) de John Coney sur Sun Ra et son « Arkestra ».
    Un film sur un prophète pharaonique cosmique dénommé Sun Ra qui pose son engin interstellaire en Californie afin de dispenser la bonne parole aux jeunesses militantes d’Oakland. S’ensuit une partie de tarot avec le satanique Overseer, une visite au QG local des Panthers, et un mémorable concert free jazz de l’Intergalactic Solar Arkestra.
  • 18 h : Débat animé par Alexandre Pierrepont, ethnologue, enseignant à Sciences Po et Paris 7, critique, poète, conseiller à la programmation musicale de festivals, auteur de l’ouvrage « Champ Jazzistique » (Editions Parenthèses, 2002) et d’une thèse sur l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musique, 2007).
    Alexandre Pierrepont orientera le débat sur le thème de l’invention culturelle Afro-Américaine, sous couvert de musique : une invention qui remonte aussi bien le temps qu’elle imagine le futur.
  • 20h : MOUVEMENTS
    « Attention travaux », chorégraphie et interprétation solo de Sébastien Lefrançois de la compagnie Trafic de styles. Né le 21 juillet 1969 à Harfleur, Sébastien Lefrançois fait connaissance avec la danse et le mouvement par le biais du patinage artistique, qu’il pratique à haut niveau pendant douze ans. Sa rencontre avec le hip hop coïncide avec la diffusion de l’émission de Sydney dans les années 80. À cette époque, il découvre le théâtre et d’autres formes de danse, et obtient deux diplômes d’état en danse jazz et danse contemporaine au début des années 90. Mais le hip hop et son intérêt pour la chorégraphie le rattrapent, et en 1997, il fonde avec des danseurs de Cergy-Pontoise la compagnie Trafic de Styles, dont il devient directeur artistique et chorégraphe. Depuis cette date, il a créé « Off the line » (1997), « Squatt’age » (1999), « Bout d’essai » (2000), « L’incroyable Mister Pulp » (2001), « Attention travaux »(2001), « Trajet dit à deux » (2002), « Tr’hip t’hop » (2003), « Le poids du ciel » (2003), « Pas Pied » (2005). Il a également collaboré aux spectacles « Tana-Cergy » (*), spectacle franco-malgache, mise en scène Vincent Colin et Elie Rajaonarison (1998), « Les Mariés de la tour Eiffel »* de Jean Cocteau, pièce chorégraphique franco-namibienne, mise en scène Vincent Colin (2001), « L’Ivrogne dans la brousse »* de Amos Tutuola, mise en scène Philippe Adrien (2002), « La démocratie en Amérique »* de Alexis de Tocqueville, mise en scène Vincent Colin (2003), et avec la compagnie Yun Chane dans une création de danse-théâtre pour 5 interprètes (2004).
    (*) chorégraphie et interprétation
  • 20h30 MUSIQUES
    Concert Blues avec Keith B Brown : Guitare solo et chant.
    Chanteur, auteur et compositeur, ses racines profondes du delta blues combinées avec sa sensibilité soul-folk-pop font de Keith B. Brown une « voix » nouvelle, puissante et originale sur la scène musicale d’aujourd’hui.
    Originaire de Greenwood, au coeur du delta du Mississippi, sa maîtrise et sa connaissance des styles de blues du delta, dont la gamme s’étend de Son House et Skip James à Bukka White, Robert Johnson et Fred McDowell, l’ont placé au premier rang de la restreinte mais importante nouvelle génération d’artistes « Africains-Américains » de country blues. Le talent de Keith B ne repose pas seulement sur son interprétation fidèle de la tradition blues, mais aussi sa qualité d’auteur/compositeur contemporain qui enrichit cette musique et qui pousse les frontières du genre avec sa propre « voix » en y donnant une forte honnêteté et une forte conviction. Son répertoire est un mélange de chansons de blues originales, de blues traditionnel et de ses compositions contemporaines.
  • 21h30 MOUVEMENTS
    Katherine Josephau en duo avec Sabir Mateen ou Didier Lasserre
    Professeur de Danse Contemporaine titulaire de la Dispense du Diplôme d’Etat. Formée en Guadeloupe puis à Paris à la Danse Contemporaine, Africaine, Butoh et aux techniques d’analyse du mouvement, elle développe depuis bientôt vingt ans son travail personnel d’enseignement et de création chorégraphique. Elle participe aux créations et performances de différents chorégraphes et artistes français et étrangers : Elsa Wolliaston, Mic Guillaumes, Masaki Iwana, Koffi Koko, Bruce Taylor, Toto Bissainthe, Suzon Holzer, Grands ballets d’Afrique Noire, Norma Claire, Irène Tassembedo, …)
  • 22h MUSIQUES
    Concert Free Jazz avec Sabir Mateen (saxophones et flûtes), Rasul Siddik (trompette), Bobby Few (piano) et Didier Lasserre (batterie).
    Sabir Mateen (en tournée européenne Sabir Mateen nous fait l’honneur de s’arrêter à Montreuil les 23 et 24 mai)
    Saxophoniste ténor et alto, clarinettiste, flûtiste, compositeur, Sabir Mateen est né à Philadelphie et toute sa vie, il a pratiqué la musique et traversé de nombreuses transformations musicales sur la scène de Philadelphie. Sabir Mateen a débuté en tant que percussionniste puis adolescent, il s’est mis à jouer de la flûte pour progressivement évoluer vers la pratique de l’alto et du ténor saxophone. Il a commencé par jouer du blues au début des années 70 ce qui l’a amené à rencontrer et à collaborer avec le saxophoniste ténor Horace Tapscott et son Pan Afrikan Peoples Arkestra. Sabir Mateen a collaboré avec les plus grands noms du jazz : Cecil Taylor, Sunny Murray, William Parker, Alan Silva, Butch &Wilber Morris, Raphe Malik, Steve Swell, Mark Whitecage, Roy Campbell, Matthew Shipp, Marc Edwards, Jemeel Moondoc, William Hooker, Henry Grimes, Rashid Bakr, Kali Fasteau et de nombreux autres. Actuellement il se produit avec Little Huey Creative Music Orchestra, le projet de William Parker : “The Inside Music Of Curtis Mayfield”, Earth People, le Downtown Horns et le East 3rd Street Ensemble.
    Il est leader du « Sabir Mateen Quintet », Shapes Textures & Sound Ensemble, TRIO SABIR, TEST et d’autres groupes.

Rasul Siddik
Originaire de St. Louis, Rasul Siddik est membre de l’Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM). Au début des années 60, il fait partie du Black Artists Group rencontrant ainsi des musiciens tels que Julius Hemphill, Joseph Bowie et John Hicks trouvant ainsi sa tonalité musicale. Tout en poursuivant ses études à Chicago, il part en tournée avec le groupe soul Emotions puis se retrouve sur scène avec les Temptations et Gladys Knight. Il part pour Los Angeles en 1975 où il fonde le Now !Artet, participe au Watts Towers Creative Musicians, fréquente Pharoah Sanders et Julius Hemphill. À Oakland, il fonde The Loft, association regroupant des musiciens qui produisent des concerts et enseignent aux enfants défavorisés. De retour à New York dix ans plus tard, il joue régulièrement avec Lester Bowie, David Murray et Henry Threadgill. Après avoir participé au festival Banlieues Bleues, il décide de s’installer à Paris et de reformer le Now !Artet avec James Lewis et Ghasem Batamuntu. Il fonde également le Power Trio avec le bassiste James Lewis et le batteur Oliver Johnson, trio tranchant qu’on a pu entendre, entre autres lieux, au regretté Studio des Islettes. Rasul Siddik a joué avec Archie Shepp, Oliver Lake, John Hicks, Bobby Few, Sunny Murray, Geri Allen, Michele Rosewoman, Kirk Lightsey, Joe Lee Wilson, Katy Roberts, Joe Lee Wilson, le Steve Mc Craven group Black Studies…

Bobby Few
Bobby Few est né à Cleveland aux Etats-Unis. Son père écoutait sans cesse du jazz, sa mère jouait du violon et son oncle de la trompette. Dès l’âge de 7 ans, Bobby étudie le piano, l’orgue classique, la théorie musicale et la composition au Cleveland Institute of Music. Dès 16 ans, il commence à jouer dans les clubs de jazz de Cleveland et très vite, Bobby crée son propre trio. Au début des années 60, son ami d’enfance, Albert Ayler, lui conseille de partir pour New York. C’est là qu’il enregistre son premier disque avec Booker Ervin « The In Between » puis un second avec Albert Ayler intitulé « Music Is The healing Force of The Universe ». Il jouera également avec Brook Benton, un chanteur de rhythm and blues, qu’il accompagnera à travers le monde et dont il deviendra le directeur musical. Ensuite, concert après concert, la kyrielle d’artistes avec lesquels Bobby Few travaillera sont des plus prestigieux : Archie Shepp, Kenny Clarke, Frank Wright, Jo Henderson, Woody Shaw, Sunny Murray, Roland Kirk, Nat Adderley, Frank Foster, David Murray, Bill Dixon, Albert Ayler ou encore Steve Lacy qu’il accompagnera de par le monde de 1980 à 1992. Durant sa longue et riche carrière, auteur compositeur interprète, Bobby Few a également collaboré à plus de 70 enregistrements. Installé à Paris depuis 1969 où il a trouvé son équilibre artistique et intellectuel, Bobby Few dirige, depuis 1993, ses propres formations qui vont du trio au quintet.

Didier Lasserre
Né à bordeaux en 1971, Didier Lasserre débute l’instrument à l’âge de seize ans, pour tenter de vivre « autre chose ». Il travaille en autodidacte afin de trouver sa propre voie, à travers une réflexion sur le free-jazz, l’improvisation, et la vie en général. En 2003, il enseigne la batterie au Centre d’Improvisation Libre de Bordeaux, dirige des ateliers collectifs pour péri-scolaires et scolaires, dirige des ateliers d’improvisation et des master-classes et co-fonde le label Amor fati avec Mathieu Immer.
Didier Lasserre a joué dans de nombreux festivals en France et aussi en République Tchèque, en Allemagne et en Russie… On a pu l’écouter en concert avec ses confrères : Michel Doneda, Daunick Lazro, Jérome Bourdelon, Sébastien Capazza, Arnaud Sacase, Sylvain Guérineau, Benjamin Duboc, Jobic le Masson, Jean-Luc Guionnet, Bertrand Denzler, Michel Etchécopar, Pascal Marzan, Claude Saubole, Michel Doneda, Fabrice Charles, Edward Perraud & Mathias Pontévia, Fabrice Charles, Nicolas Talbot, Jean Rougier, Mathieu Immer, Félix Baray. Lors de collaborations régulières ou ponctuelles, on l’a vu se produire en compagnie d’improvisateurs venus d’ailleurs : Oliver Lake, Rasul Siddik, Roy Campbell, Joe Mc Phee, Archie Shepp, Sabir Mateen, Barre Phillips, Paul Rogers etc… Installé à Paris depuis octobre 2003, Didier Lasserre a été nominé, en avril 2005, au Django d’or pour le disque « Hors Ciel », catégorie jeune talent.


Et tout au long de la rencontre, de 16h à minuit :

Arts plastiques

“Precious Cargo" : Intervention de Cheryl Bolden :
Cheryl Ann Bolden est une artiste / curatrice Afro-Américaine de la sixième génération. Elle est née et a grandi à Newark dans le New Jersey. Aujourd’hui elle vit à Paris. Elle a conçu la collection « Precious Cargo » pour faire découvrir et mettre en lumière l’histoire et la culture de la diaspora Africaine. L’objectif de ce musée itinérant est de stimuler l’intérêt pour la diaspora Africaine et les civilisations indigènes, encourager une éducation multiculturelle, faire prendre conscience d’une responsabilité sociale.
Cheryl Ann Bolden a présenté sa collection lors de nombreuses interventions dans des lieux culturels aux USA, à Lisbonne, à Munich, au Honduras, à Londres au Victoria and Albert Museum pour le « black heritage program » en 2003. En France « Precious Cargo » a été vu à Nice en 2000, à Aubervilliers en 2007 lors de la journée nationale pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage ainsi qu’à Paris à la Galerie Canopy dans le cadre du Festival Fulgurance en février 2008. « Mon objectif est d’exprimer le sentiment que procure à chacun d’entre nous l’Histoire Noire Américaine et créer un espace de réflexion pour amener paix et clarté dans nos représentations et dans nos vies »


En amont de la rencontre :

2) Ateliers : Vendredi 23 mai 08, de 19h à 22h à la Maison Populaire.

Atelier d’improvisation collective pour danseurs et musiciens animé par Sabir Mateen (saxophones et flûtes) et Katherine Josephau (danse).
Tarif danse : 15 € / 10 € adhérents
Tarif musique : 20 € / 15 € adhérents

En danse, le déroulement de la séance permettra une harmonisation individuelle corps et esprit pour maîtriser les fondamentaux de son corps et trouver en soi les clés du mouvement et de l’improvisation en danse. L’objectif est de rechercher une véritable interaction avec la musique, un enrichissement mutuel dans lequel la danse met en relief des mélodies, souligne et crée des rythmes, révèle les paysages que la musique évoque en faisant circuler la dynamique et l’énergie entre les danseurs et les musiciens.
En musique l’atelier s’adresse aux musiciens ayant déjà une pratique confirmée d’un instrument et qui souhaitent expérimenter l’improvisation. En connexion avec différents sons, notes, bruits, mouvements, l’idée est d’apprendre à jouer collectivement et tout à la fois de trouver sa singularité pour aboutir à un « art de la conversation ».