Chronique

Farvel

Östtomta

Avec ce troisième disque en six ans (enregistré en 2016 et sorti fin 2017), le groupe Farvel bénéficie d’un savoir-faire et d’une dynamique de groupe qui permettent à ce projet collectif de sonner collectif. Ce ne sont pas la trompette ou la voix qui sont mixés en avant, mais chaque instrument est traité à l’égal des autres. Et les arrangements sont à l’image de cette aventure partagée.

Les six musicien.ne.s de ce collectif, une rythmique - batterie, basse, synthétiseurs - et trois couleurs – sax ténor, trompette et voix - ne fonctionnent pas sur le principe traditionnel des deux rangs : rythmique derrière et solistes devant. Bien au contraire, ils sont plutôt à l’image d’une marée, à se soulever ensemble, sur des mouvements contraires mais solidaires. Et Isabel Sörling est à l’aise dans ce groupe, pour lequel le traitement électronique a de l’importance. Son chant est démultiplié selon les contextes et les besoins, pour obtenir soit un grain naturel et clair soit une sonorité en fusion qui se mêle à celles du sax ténor et de la trompette.

Östtomta est un disque qui propose une vision plutôt synesthésique des quatre éléments de l’univers : l’air, le feu, l’eau et la terre. (Luft, Eld, Vatten et Jord pour celles et ceux qui ont fait suédois première langue).
Ainsi chacune des quatre parties de ce disque est composée de différents chapitres sur ces thèmes que l’on peut, en fermant les yeux par exemple, ressentir ou visualiser.
Le traitement acoustique, qu’il provienne des synthétiseurs ou des effets, donne aux couleurs des morceaux des aspects à la fois contemplatifs et énergiques. Par moment, on retrouve les univers du quartet Radio One d’Airelle Besson (sur « Storm » notamment) ou le minimalisme martelé du quartet Mechanics de Sylvain Rifflet (sur « Pust » par exemple).

Farvel est donc bien dans l’air du temps, un temps répétitif et rythmique.