Le titre est programmatique, puisque Home Is Here est le troisième volet d’une trilogie que Felipe Salles a consacrée au thème de l’immigration. Cet album vient après The Lullaby Project en 2018 et The New Immigrant Experience, deux ans plus tard. Pour architecturer son propos, le chef de ce big band a invité huit musiciens, un par morceau, et chacun a été interviewé. L’écriture a été menée ainsi. C’est dire si, ici, un art abstrait montre qu’il peut porter un discours.
Le résultat est un album qu’on labellisera tout de suite « jazz ». Le line-up est somme toute assez classique avec une base guitare, piano, basse, batterie, des sections de soufflants, en l’occurrence des saxophonistes – du soprano au baryton, les quatre les plus communs de cette famille sont présents – des trompettistes et des trombonistes. Enfin, les morceaux sont structurés avec une succession de chorus qui émanent d’un thème. On ajoutera que tout est extrêmement bien mené, construit exactement comme il faut avec la précision des grands albums. C’est dire si c’est agréable.
Reste qu’au-delà de ce classicisme, certains éléments montrent autre chose. Rien de spectaculaire, au contraire même, et c’est justement dans la subtilité que se cachent ces éléments. Des percussions, les apports des invités, l’incipit de cet album – les premières mesures menées en duo piano et clarinette où les phrases se lovent et se dévoilent – tout cela contribue à faire de cet album un très beau disque.