Chronique

Grand Impérial Orchestra

Music is our Mistress

Aymeric Avice (tp, piccolo, bugle), Fred Roudet (tp, bugle), Simon Girard (tb), Damien Sabatier (bs, as, sopranino s), Gérald Chevillon (bass s, ts, ss), Aki Rissanen (p), Joachim Florent (cb), Antonin Leymarie (d)

Label / Distribution : Inouïe Distribution

On avait connu l’Impérial decliné en quartet, Pulsar et Orphéon et chaque fois, on ressortait complètement éberlué de cette bousculade à la fois complètement foutraque et pourtant si sérieuse. Leurs albums, et peut-être mieux encore leurs concerts, sont en effet des moments éclatants avec tout ce qui faut de délire et de non-conformisme pour aller fourailler ingénieusement de tous les côtés où ça peut sonner. La revisite de « La Danza » de Rossini à la flûte à bec par Gérald Chevillon dans l’Orphéon en est une illustration de choix s’il en fallait une.

Avec le format GRIO (pour Grand Impérial Orchestra), le quartet originel s’est adjoint Aymeric Avice, Fred Roudet, Simon Girard et Aki Rissanen – certains chanceux ont peut-être eu le grand privilège de voir le pianiste finlandais avec Joachim Florent au musée d’art brut quand la Maison du Jazz y plantait ses gaules il y a une quinzaine d’années de ça. Reste que le GRIO c’est du beau monde, du très beau même et en près d’une heure ces ingénieux de la corde, du souffle et des percussions vous déménagent le salon et toute la maison. On trouve la même veine obsédante, des motifs qui tantôt vont crescendo – en témoigne notamment « Gomorra Pulse » – tantôt nous bercent. Ça file dans tous les sens, et pour le meilleur. Le panel des saxes que jouent Gérald Chevillon et Damien Sabatier – on l’avait déjà souligné dans les albums et concerts précédents de l’Impérial – contribue à cette touche fortement colorée. Et pour cause, ils couvrent du riquiqui sopranino à l’éléphantesque basse.

Mathieu Durand souligne, entre autres, le parallèle entre le GRIO et Charles Mingus ou encore le Liberation Music Orchestra de Carla Bley, en plus du titre de l’album dont la référence est explicitement du côté de Duke Ellington. On ne saurait mieux dire. Mais le GRIO c’est aussi l’influence des Banda-Linda. L’Afrique, l’Impérial y avait déjà séjourné avec le projet Pulsar. Ils y reviennent une fois encore et ce Music is Our Mistress leur donne mille fois raison.