Giancarlo Locatelli & Enrico Fazio
7 Rocks
Giancarlo Locatelli (bcl), Enrico Fazio (b)
Label / Distribution : We Insist !
S’il était besoin de démontrer que certaines musiques ne se périment pas, le duo que proposent Giancarlo Locatelli à la clarinette basse et le contrebassiste Enrico Fazio en serait une parfaite illustration. Enregistré en avril 2014 en Italie, il célèbre l’improvisation et la fantastique camaraderie de ces deux musiciens importants de la scène transalpine. Si l’on connaît bien en ces pages la musique et le propos de Giancarlo « Nino » Locatelli, interviewé et sujet de portraits, il n’en est pas nécessairement de même pour son compagnon, membre régulier de son quintet et de l’Anglo-Italian Quartet d’Elton Dean. On peut néanmoins juger de la profondeur de son jeu sur le très beau « Filoniana », un des sept cailloux qui rehaussent un vrai travail d’orfèvre. L’archet glisse, intrusif, il se mélange et joue de nombreux masques avec le sifflement de l’anche de Locatelli. L’aigu est de mise, comme pour mieux plonger ensuite. C’est un précipité instable et explosif ; tout est question de dosage.
Car dans ces 7 Rocks, dressés presque naturellement sur le label We Insist Records, la profondeur est en son royaume. L’alchimie entre la clarinette basse et la contrebasse se fait naturellement, le liant est là dès le bien nommé « Chimica ». La chimie ici est pure : le pizzicato de la contrebasse donne un cadre, il est souligné par la clarinette, et l’émulsion perdure, gagne en puissance à mesure que le silence s’évanouit dans un dialogue de plus en plus construit qui permet à Fazio de montrer toute sa musicalité. Car il ne faut pas imaginer que ces 7 Rocks soient rauques ou caverneux ; sur « Clastica », alors que la contrebasse a l’aisance d’une guitare, le souffle de Locatelli se fait plus rêveur. Plus loin, sur le final « Organogena », la ligne de basse est plus ancrée dans une rythmique simple, la clarinette reste aérienne.
Enregistré au débotté, entre deux sessions avec l’hautboïste Mario Arcari et le trompettiste Alberto Mandarini, ce 7 Rocks est la chimie pure de la décontraction. Le duo ne se cherche pas, ils se connaissent absolument. Locatelli et Fazio n’ont rien à démontrer, ne se poussent pas du col puisqu’ils jouent comme on devise entre amis. Le résultat est simple, évident : neuf ans après, l’enregistrement garde toute sa fraîcheur. On ne peut qu’être ravi à l’écoute de ces minéraux précieux qui brillent sans clinquant, dans la lumière douce d’une chaleur revigorante.