Chronique

Giulia Barba

La grazia dell’informe

Giulia Barba (as, bcl), Marta Raviglia (voc), Daniele D’Alessandro (cl), Federico Pierantoni (tb), Alfonso Santimone (p), Stefano Senni (b), Zeno De Rossi (dm).

Label / Distribution : Barly Records

Giulia Barba affirme ici ses talents d’arrangeuse musicale ; il suffit d’écouter les deux premières compositions signées de sa main qui ouvrent La grazia dell’informe, « Bianchissimi Papaveri » et « Dal Buio », pour en être convaincu. Le mariage réussi entre la section de vents et la voix chaude de Marta Raviglia confère une identité à cet album inspiré du livre de Virginia Farina, Dal Buoio, que l’on peut traduire par « Des ténèbres ».

Les notes chromatiques de la contrebasse de Stefano Senni affirment sa grande maîtrise technique - il n’a pas côtoyé par hasard Art Farmer, Benny Golson, Cedar Walton ou Lee Konitz. Son imagination mélodique dans « La Stanza » propulse les interventions solistes d’Alfonso Santimone au piano et de Giulia Barba à l’alto, où lyrisme et créativité sont conjugués. Plus enclin à l’introspection, « Piccole Illuminazioni » met en valeur de subtiles variations rythmiques citées par Zeno De Rossi à la batterie dans un climat hérité d’Arnold Schönberg. La précision avec laquelle Federico Pierantoni investit « Fiato » est caractéristique de son jeu, fait d’une somme d’intervalles entre le grave et l’aigu. Remarqué lorsqu’il était premier trombone dans l’Orchestra Nazionale Jazz Giovani Talenti dirigé par Paolo Damiani, il est maintenant très sollicité dans de nombreuses formations.

Fidèles partenaires musicaux de Giulia Barba, Marta Raviglia et Daniele D’Alessandro sont pleinement investis dans la recherche de timbres qui se multiplient dans La grazia dell’informe. Ce disque remarquable apporte un équilibre entre une écriture fouillée et des improvisations lumineuses qui, comme l’écrit Virginia Farina, cherchent à remplacer les éclairs des bombes par des éclairs de poésie pure et sincère.

par Mario Borroni // Publié le 19 janvier 2025
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