

Recentré autour de l’image féminine, cet enregistrement célèbre en partie des personnages de la mythologie grecque tout en y intégrant des connexions avec le monde actuel. Électre, la nymphe Océanide à la tête couronnée de fleurs, serait-elle le double de Camilla Battaglia ? La poésie et l’engagement qui surgissent de cette musique y font songer. Car la chanteuse s’est totalement investie pour écrire les textes, élaborer l’orchestration raffinée de cet ensemble et co-produire avec Francesco Ponticelli ce disque qui lui ressemble.
D’emblée, « Cassandra » introduit un collectif instrumental qui vient envelopper la voix de Camilla Battaglia. La chanteuse a su s’entourer d’une section de cuivres disparate au gré des compositions. « Dead Butterfly » revêt des couleurs mouvantes, les rythmes saccadés se confrontent aux arrangements lancinants. Avec « Aspasia », la ponctuation et la syntaxe s’engagent dans un cheminement insolite, les chuchotements côtoient les envolées vocales. La suite en trois parties « Can You See Me ? » révèle différentes facettes de Camilla. Le lamento de la première partie épouse les cordes de la guitare acoustique et annonce un ample crescendo orchestral. De manière frontale, la voix énonce des questionnements dans la deuxième partie alors que le final s’inscrit ingénieusement dans un minimalisme qui rappelle Robert Wyatt.
Admirablement interprétée par de jeunes artistes, cette musique fait la part belle à des musiciennes accomplies, Giulia Barba, Anaïs Drago et Francesca Remigi. Le mythe de Cassandre nous rappelle que, si celle-ci fut condamnée à ne jamais être crue pour ses prophéties, Camilla Battaglia n’a nul besoin de prédire l’avenir : ELEkTRA s’ancre merveilleusement dans l’instant présent.