Chronique

Charlotte Planchou & Mark Priore

Le Carillon

Charlotte Planchou (voc, g), Mark Priore (p).

Label / Distribution : Quai Son Records

L’accord parfait est défini en harmonie tonale comme un ensemble de trois notes à l’état fondamental dont la quinte est juste. On le retrouve dans bien des mélodies qui ont flatté l’oreille de générations successives comme « Le Petit Cheval » de Georges Brassens. Mais la simplicité et l’attrait d’une mélodie ne vont pas toujours de pair, beaucoup de chansons sont oubliées avec le temps qui passe. Charlotte Planchou a quant à elle trouvé un équilibre musical en puisant dans un répertoire où Benjamin Britten et Jan-Mari Carlotti ressurgissent avec de nouvelles intonations. L’épure qui caractérise ce disque convient à la chanteuse : en compagnie de Mark Priore, les mélodies se réinventent, le piano devient ensorceleur.

Immortel, « Est-ce ainsi que les hommes vivent » de Léo Ferré et Louis Aragon est tout en acuité, « How Happy The Lover » d’Henry Purcell apparaît comme la synthèse du raffinement et de l’essentialité, le piano emprunte une voie teintée de romantisme qui sublime l’état mélancolique. Mark Priore, Prix Evidence de l’Académie du Jazz et Coup de cœur de l’Académie Charles Cros, sème des fragments rythmiques comme dans « Mon amant de Saint-Jean » d’Emile Carrara et Léon Agel. Cette chanson mille et une fois entendue trouve là une seconde jeunesse. Le chant de Charlotte Planchou dérive dans une complainte folk « You’ve Got a Friend » de la chanteuse américaine Carole King, tiré de son deuxième album Tapestry enregistré en 1971, qui continue à être l’un des albums les plus vendus dans le monde. Le déplacement de l’élégance se concrétise dans cette composition.

Aucun bavardage ni démonstration technique dans cet album, Charlotte Planchou et Mark Priore se jouent des difficultés d’un répertoire très diversifié. La plénitude se matérialise par une immersion dans des univers exclusifs qui font cohabiter Charles Baudelaire et João Gilberto, le carillon marque ici le temps qui passe inlassablement, seule la musique demeure, éternelle.