Chronique

Goat’s Notes

Cosmic Circus

Gregory Sandomirsky (p), Vladimir Kudryavtsev (b), Maria Logofet (vl), Piotr Talalay (dm), Andrey Bessonov (cl), Ilya Vilkov (tb), Hugues Vincent (cello), Sabine Bouthinon (vl), Pierre Lambla (s)

Label / Distribution : Leo Records/Orkhêstra

Goat’s Note signe son troisième disque sur le label Leo Records. Ce sextet de musiciens moscovites réunit violon (Maria Logofet), clarinette (Andrey Bessonov) et trombone (Ilya Vikov) qui s’ajoutent au traditionnel piano, basse, batterie (Gregory Sandomirsky, Vladimir Kudryavtsev, Piotr Talalay) et naviguent au gré des envies entre un free jazz sincère et les musiques improvisées. Grattements, crissements, contrepoints constants et belle faconde en constituent les fondamentaux.

Pourtant ce live, capté en 2014 à La Rochelle, n’hésite pas à chambarder le line-up original en invitant les Français Hugues Vincent (violoncelle), proche de la scène improvisée nippone, Sabine Bouthinon (violon), membre de l’Orchestre de Chambre de Paris et Pierre Lambla (saxophone), improvisateur, également adepte de musique contemporaine. L’ensemble, devenu nonette, contient dès lors en son sein un trio à cordes qui aura son mot à dire, la mutation fonctionnant à plein régime.

Sans négliger l’expressivité de chaque interprète et développant même une démocratie joyeusement foutraque, le groupe réussit le tour de force de trouver une cohérence dans une unité de ton et le service de tous à la cause commune. Chaque participant prend sa part : appuyé au swing constant de la rythmique, le trombone pilonne l’ensemble de bombes unidimensionnelles pendant que le piano rampant s’immisce dans tous les cercles qu’il bouscule en permanence par des accords massifs ou des arpèges volubiles. A l’intérieur de ces textures revigorantes, parfois cinglantes, la clarinette tire son épingle du jeu par des éruptions entêtantes tandis que les cordes, seules ou solidaires, rugueuses et généreuses, entraînent le tout dans des climats d’une grande rêverie ou, au contraire, déséquilibrent la masse par des accélérations sauvages et dissonantes.

Le cirque cosmique énoncé dans le titre se retrouve alors dans cet amalgame hétéroclite qui fonctionne comme un système galactique dansant et chaotique. Les trajectoires des sphères se croisent et se heurtent avec acrobatie ou clownerie. Par cette propension à intégrer toutes les atmosphères, des souterraines jusqu’à la stratosphère, Goat’s Note développe une esthétique personnelle au travers de pièces efficaces et immédiates qui, quoique exigeantes, restent, au vu des réactions du public, d’un enthousiasme communicatif.