François Chesnel Frédéric Chiffoleau Yoann Loustalot Fred Pasqua

Imperceptiblement, il semblerait que les musiciens de ce groupe creusent une voie n’appartenant qu’à eux. Depuis de nombreuses années maintenant, la connivence qui lie la trompette de Yoann Loustalot et le piano de François Chesnel (souvenons-nous du réussi Le Voyant sorti chez Sans Bruit en 2012, est, en effet, de celles qui définissent une esthétique. Ces amoureux d’un jazz élégant travaillent, en authentiques artisans d’art, un savoir-faire mélodique qui prend son essor sur des tapis rythmiques où roulent les notes et s’envolent les phrases aériennes.

Trois ans après Old and New Songs, remarqué dans ces colonnes, le quartet a évolué dans sa constitution : la batterie de Fred Pasqua remplace celle de Christophe Marguet et le passage de témoin permet de conserver une évidente unité de ton. La basse de Fred Chiffoleau, quant à elle, reste à l’identique, ronde et chantante, et pose un jalon tant pour sa stabilité pulsatile que pour sa manière pleine d’amorcer les tournants les moins attendus de cette formation.

Les neuf compositions du répertoire sont des pièces empruntées à des traditionnels lointains, japonais ou américains, voire des figures emblématiques des musiques rêveuses : Francis Bebey, Alain Péters ou encore Moraes, Buarque et Sardinha. Si variées soient-elles, elles appartiennent à un même voyage et constituent les différentes étapes que traverse ce train onirique. Guidé par sa sensibilité, le quartet traverse un territoire poignant qu’il dessine avec émotion en l’abordant avec retenue.