Kate Gentile International Contemporary Ensemble

La batteuse new-yorkaise Kate Gentile propose avec Biomei.i un programme ambitieux exécuté avec précision par l’International Contemporary Ensemble [1]. Repérée aux côtés de Matt Mitchell sur un Phalanx Ambassadors resté dans les mémoires, également co-leadeuse avec le même Matt Mitchell du tout aussi remarquable et démesuré Snarke Horse, cette musicienne fait le choix de la créativité la plus avancée, tant par un jeu de batterie abondant que par une démarche exploratoire à la pointe de la modernité.

Il semblerait que cette nouvelle œuvre très écrite lui permette d’accéder à un niveau supérieur, la plaçant en tous les cas, désormais, parmi les musicien.ne.s à suivre. En treize pistes de longueurs variables plutôt brèves, elle met ainsi en mouvement le potentiel de l’orchestre qui l’accompagne, et qui se plie avec enthousiasme à son esthétique.

Jouant à plein le jeu des associations timbrales, Gentile fait éclater de toutes parts, et avec maîtrise, des floraisons de couleurs contemporaines qui enrichissent constamment le propos de la pièce tout en lui conservant une réelle unité. Le basson volubile de Rebekah Heller s’en détache particulièrement et apporte une instabilité fertile à l’ensemble.

Dégagé de toutes mélodies convenues au bénéfice d’une série de phrases sibyllines et parfois tendues, l’œuvre trouvé son originalité dès lors qu’elle s’engage dans les parties fortement rythmées. L’art de la batterie y joue un rôle premier. En tant qu’instrument d’abord, que la batteuse manie à plein, avec une profondeur qui apporte du corps à l’orchestre ; en tant que compositrice ensuite : le jeu sur les complexités percussives produit d’impétueuses phases musicales. Mieux : respectant une ascension permanente, Biomei.i gagne, à mesure de son avancée, en puissance dramaturgique pour se conclure dans un final saisissant.