Chronique

Gregory Sallet Quintet

Le mouvement crée la matière

Gregory Sallet (saxes), Romain Baret (g), Michel Molines (b), Guillaume Bertrand (dms), Paco Andreo (tb), Elsa Guiet (cello)

Label / Distribution : Inouïe Distribution

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la jeune carrière de Gregory Sallet n’est pas anecdotique. Membre du fameux Anne Quillier sextet, du Trio Enchant(i)er, du Kevin Lecchetti 5tet, ou encore de Sur écoute trio, le saxophoniste grenoblois est aussi à l’origine du Collectif Pince Oreilles, créé avec Romain Baret.

Entre 2010 et 2012, c’est à New York qu’il pose ses valises pour jouer aux côtés de Dave Binney, Steve Lehman, Jim Black, Tim Berne, et participer aux Workshop de Steve Coleman à la Jazz Gallery. En mai et juin 2013, il rencontre et collabore avec, entre autres, Ravi Coltrane, Tyshwan Sorey, Ben Monder, Hafez Modirzadeh, Ambrose Akinmusire, lors du Banff International Workshop in Jazz and Creative Music dirigé par le pianiste Vijay Iyer. Excusez du peu.

En 2014, le Gregory Sallet Quintet sort Continuation, Echoes and Rhythm, un premier disque offrant une musique aussi rythmée qu’éthérée, inspirée justement de Steve Lehman, Steve Coleman, et Vijay Iyer, pour ne citer qu’eux. Ce deuxième album, Le Mouvement crée la matière, va plus loin, et constitue une réelle montée en puissance du quintet. Dès les premières notes d’une « Introduction » toute en douceur, et plongé dans une ambiance presque onirique, l’auditeur assiste à la mise en mouvement de formes et d’images, suggérées par la musique dont l’apport du violoncelle appuie l’aspect mélodique, afin d’en accompagner l’essor. L’enchaînement avec le titre éponyme de l’album, à l’armature plus rock et au groove colemanien, nous promet un disque très riche, et on ne sera pas déçu. Avec « Instinct », le propos se veut plus progressif, les images musicales tourbillonnent dans une sorte d’effervescence. Lorsqu’arrive « Cinéma », l’issue du disque se fait sentir, le mouvement ralentit, il devient circulaire et évoque une dernière danse sur fond de musique sérielle. Le violoncelle revient, adoucit le propos, et en permet cette fois le terme. Le Mouvement crée la matière est à écouter comme une suite qui se déclinerait en 10 degrés formant un tout, entrecoupé de respirations. Une ode à l’impermanence, au mouvement qu’elle permet et à la matière sonore qu’elle crée.

Des musiciens du premier album, on retrouve Romain Baret (guitare), la très efficace section rythmique du sextet d’Anne Quillier, à savoir Michel Molines (double basse) et Guillaume Bertrand (batterie). On découvre Paco Andreo (trombone), et Elsa Guiet (violoncelle), invitée à jouer sur trois titres, mais dont l’apport n’est pas à sous-estimer tant il participe à l’esthétique générale du disque. Un deuxième album qui vient confirmer un grand talent, et nous invite à suivre de très près le Gregory Sallet quintet.