Gummi

Gummi est le titre de l’album autant que le nom de ce groupe de francs-tireurs composé du guitariste Simon Henocq, pilier du collectif Coax, du trompettiste et Fondeur de son Nicolas Souchal, également membre du collectif Musique en friche, et du violoniste allemand - expatrié à Paris depuis belle lurette - Michael Nick. Trois musiciens qui ont fait de l’improvisation libre leur mantra. Souchal et Nick sont d’ailleurs familiers l’un de l’autre. Ils ont joué ensemble, par le passé au sein du Grand Fou Band et récemment sur l’album Neigen avec Daunik Lazro et Jean-Luc Cappozzo. Leur rencontre avec Simon Henocq est inédite.

En allemand, Gummi signifie élastique, c’est-à-dire quelque chose qui a la propriété de reprendre, au moins partiellement, sa forme ou son volume, après les avoir perdus par compression ou extension. Le terme sied à merveille à cette musique qui s’étire jusqu’à l’usure, ménageant une tension permanente. Chacun tour à tour prend le contrôle. Chaque instrument se délaye dans le chaudron collectif, amalgame de souffles et de cordes. L’utilisation conjointe des violons amplifiés de Nick (dont certains expérimentaux) et des effets de manche d’Henocq électrise le discours de Gummi. Souchal, dont le travail s’inspire ici d’un autre trompettiste, allemand celui là, Axel Dörner, louvoie dans les interstices électrisés de ses deux compères et distille des teintes en clair-obscur.

L’album a été enregistré dans l’Aisne, au Performing Art Forum, un ancien couvent devenu lieu de performance. Ce lieu fonctionne un peu comme le quatrième membre fantôme du groupe : les trois musiciens attachent un grand intérêt à l’espace, à l’acoustique, à la plastique du lieu ; il conditionne le son que produit le groupe. Tantôt électrique, tantôt acoustique, tantôt rêveuse, tantôt agitée, la musique de Gummi vibre d’une intense émotion qui nous embarque avec elle sans retenue.