Chronique

Hadouk Trio

Baldamore

Loy Ehrlich (basse gumbri, claviers, kora), Didier Malherbe (doudouk, saxophones, flûtes, ocarina…), Steve Shehan (percusssions)

Label / Distribution : Naive

Nous l’avions déjà évoqué dans nos colonnes : la musique du Hadouk Trio, en concert de surcroît, ne sollicite pas que les oreilles. Le foisonnemment, sur scène, d’instruments du monde entier, attire l’oeil et pique la curiosité. Après quatre albums en studio et un live, il semble logique que le groupe poursuive l’exposition de son oeuvre au travers d’un enregistrement public combinant CD et DVD. Brillante idée, qu’il convient de saluer à sa juste valeur tant la réalisation technique est une réussite.

Le CD et le DVD ont été enregistrés au Cabaret Sauvage en mai 2007. On retrouve la majeure partie des morceaux en doublon sur les deux disques, mais la prise de son sur deux soirées permet d’en proposer des versions différentes. Au total, c’est près de cent quarante minutes de concert auxquelles on a droit ici. Une durée généreuse qui permet d’appréhender toutes les facettes du travail de Hadouk, entre jazz et world : des ambiances énergiques et denses aux climats plus intimistes, des parties écrites aux digressions improvisées, tout y est. Une qualité de mixage littéralement extraordinaire permet d’apprécier les
nuances de jeu les plus fines comme les plus dynamiques, et les sonorités des instruments les plus délicats tels que la kora, le hang ou le hadgini sont parfaitement restituées. La présence de trois invités (Nicolas Genest à la trompette, Bachar Khalifé au riq et aux bongos, et la Mauritanienne Malouma au chant et à la ardin, harpe traditionnelle de Mauritanie) accentue encore l’inspiration mondialiste des compositions.

Outre ce double concert qui suffirait à combler les mélomanes les plus exigeants, le DVD permet de bénéficier des inévitables bonus. On citera notamment une longue interview de trente minutes où les trois membres du groupe exposent leur approche musicale au sein du trio, leur rôle au niveau de la composition, leur rapport aux instruments et les influences de ces derniers sur l’écriture et l’improvisation. Un entretien très intéressant pour qui veut
approfondir le travail du groupe. Autre bonus : une fascinante séance de studio où le hang est mis à l’honneur lors de l’enregistrement du morceau « Centaurea ».

Bref, un double enregistrement idéal et indispensable, tant pour les chanceux qui ont encore Hadouk à découvrir que pour les initiés déjà convaincus.