Chronique

Henriette Eilertsen & OJKOS

Om t​å​lmodighet

Label / Distribution : Nice Things Records

Avec son faux-air minimaliste, « Dorging ved midnatt » procure un plaisir teinté d’étonnement qui donne l’envie de découvrir les nombreuses autres orchestrations de ce disque Om t​å​lmodighet. Toujours à la recherche de nouvelles expériences musicales, Henriette Eilertsen n’hésite pas à faire le grand écart, passant facilement du tumulte de l’Andreas Røysum Ensemble au groupe de musique psychédélique de Billy Meier. Beaucoup plus recueilli, son album publié par Motvind Records, Poems For Flute, la révèle comme une interprète dotée d’une grande sensibilité. Ecoutez « Pastorale » ou « The Sabbatical » et vous saisirez pourquoi cette flûtiste est devenue la spécialiste de cet instrument en Scandinavie. Avec plus d’une corde à son arc, Henriette Eilertsen se partage actuellement entre son trio avec le violoncelliste et contrebassiste Joel Ring et le batteur Øystein Aarnes en plus de cette grande formation. Une seule constante, la musicienne embrasse l’histoire du jazz et des musiques du monde par son écriture affirmée.

Henriette Eilertsen fut l’une des fondatrices du collectif de compositeurs OJKOS. LL’hommage rendu par cette formation à George Russell et son concept de musique lydienne au festival d’Oslo en 2023 reste gravé dans les mémoires. Dans cet album, l’orchestration très élaborée laisse libre cours aux solistes comme dans « Velkomen i verda » où Arne Martin Nybo propose un discours imaginatif à la guitare. La section de trombones excelle et offre des contrastes très saisissants, Magnus Murphy Joelson dans « V​å​rl​ø​ysing » et Andreas Rotevatn dans « Mesta lagi » développent chacun leur grammaire singulière. Des conceptions audacieuses ressurgissent dans certaines pièces généreuses, « Botanisk vinterhage » et son architecture atypique et « V​å​rl​ø​ysing » imprégné par l’esprit de Gunther Schuller.

L’une des grandes qualités d’Henriette Eilertsen est de laisser s’exprimer pleinement les membres d’OJKOS, ce qui procure une grande variété de sons. « Trappetroll » et « Proletaren med kammerater » permettent néanmoins d’apprécier le son exquis que la musicienne tire de ses flûtes.

L’éclat des improvisations des solistes se conjugue admirablement avec la délicatesse orchestrale, Om t​å​lmodighet sublime dix compositions captivantes, toutes issues de la plume d’Henriette Eilertsen.

par Mario Borroni // Publié le 20 octobre 2024
P.-S. :

Henriette Eilertsen (fl, alto fl), Camilla Hole (ss), Tina Lægreid Olsen (bs, bcl), Joel Ring (cello), Lyder Øvreås Røed (tp), Tancred Heyerdahl Husø (tp), Magnus Murphy Joelson (tb), Johannes Fosse Solvang (tb), Andreas Rotevatn (tb), Mike McCormick (g, laptop), Arne Martin Nybo (g), Alexander Hoholm (b), Knut Kvifte Nesheim (d)