Chronique

Lyder Røed Quintet

Upside Down

Lyder Øvreås Røed (tp, bugle), Aksel Øvreås Røed (ts), Philip Edwards Granly (p), Andreas Svabø (b), Elias Tafjord (dm)

Label / Distribution : Jazzland Recordings

N’allez pas croire que les musicien·ne·s de jazz issu·e·s de ce superbe pays qu’est la Norvège réalisent tous des musiques qui évoquent le Grand Nord. Lyder Øvreås Røed a choisi, lui, de rendre hommage à une esthétique étatsunienne plutôt orientée vers les combos d’Horace Silver ou des Jazz Messengers d’Art Blakey. Cela ne l’empêche nullement d’y ajouter sa touche de contemporanéité. Il le fait avec une réelle sincérité qui s’entend sur les onze thèmes d’Upside Down, son dernier album paru chez Jazzland qui succède à The Moon Doesn’t Drink paru il y a cinq ans.

« It’s Been Too Long » convainc par son chant qui coule telle une rivière, les deux souffleurs affichent une belle complémentarité et font preuve d’une clarté sonore exemplaire. La virtuosité de Philip Edwards Granly au piano fait mouche, les conceptions harmoniques de Tadd Dameron sont bien assimilées

Il est étonnant de constater à quel point le jeune batteur Elias Tafjord a intégré les styles inhérents de Max Roach ou Kenny Clarke comme dans « Top Of My Feet » habité de rythmes afro-cubains et dont l’écriture rivalise avec les enregistrements hard bop classiques des années soixante. Lyder Øvreås Røed se montre efficace, prompt à monter dans les notes aiguës dans la lignée de Fats Navarro.

Avec « Freedom », la sonorité rauque et puissante d’Aksel Øvreås Røed au saxophone ténor lorgne vers les fulgurances rollinsiennes alors que « That’s What It Takes » laisse sagement Andreas Svabø improviser un solo plus ancré dans la modernité. Construit avec style harmonique bien défini, « Blast From The Past » se présente comme un savant mélange de pulsation rythmique faite de souplesse et par une envolée spectaculaire du leader qui n’est pas sans rappeler la vélocité de Clifford Brown.

L’inspiration du jazz américain qui fit les grandes heures des labels Prestige et Blue Note perdure dans Upside Down, les arrangements balisés et les improvisations construites méthodiquement plairont aux nostalgiques d’un jazz acoustique généreux.

par Mario Borroni // Publié le 22 septembre 2024
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