Chronique

Hildegard Lernt Fliegen

Live in Goettingen

Andreas Schaerer (voc, comp, dir, Human Beat Box), Matthias Wenger (as, ss), Benedikt Reising (bs, as, bcl), Andreas tschopp (tb, tu, sousaphone), Marco Müller (b), Christoph Steiner (dms, vib, glockenspiel, Machine à écrire)

Label / Distribution : Enja Records

La trajectoire du chanteur Andreas Schaerer [1] s’apparente à celle d’une comète. Déjà reconnu depuis plusieurs années en Suisse à travers cet orchestre et ses multiples collaborations avec la jeune garde de l’improvisation helvète, il conquiert le reste de l’Europe depuis le début de la décennie. C’est en 2012, avec la sortie de Cinéma Hildegard, chronique filmée et enregistrée d’une tournée russe haute en couleurs, que la course s’est accélérée sans répit. Du trio avec Rom et Eberle jusqu’à la récente rencontre avec l’Arte Quartett, qui a abouti à un double disque/DVD pour le label Budapest Music Center, Schaerer s’avère insatiable. Et nous nous avérons gourmands. Voilà pourquoi ce DVD Live in Goettingen, sorti sur le label ENJA, est une excellente nouvelle, qui permet de découvrir un concert entier d’Hildegard Lernt Fliegen sans coupure.

L’image est importante pour le sextet. D’abord parce que le cabaret plein d’humour et de surprise s’accommode à merveille avec le film. De morceau en morceau, on goûte la mise en scène, l’importance du batteur Christoph Steiner et sa manière de faire groover les machines à écrire. On apprécie l’ambiance résolument cinématique qui se dégage de « Knock Code 3 » et son décompte rythmique avorté aux allures burlesques qui se termine en une performance de beatboxing par le maître de cérémonie. On s’en apercevra également dans les quelques clips vidéo intégrés aux bonus qui exploitent la veine surréaliste des chansons de Schaerer.

Bien sûr, l’univers repose sur les épaules du chanteur. Sa prestation est drôle, sautillante, inventive. Il mène sa troupe avec un charisme plein d’autodérision. Mais la performance est avant tout celle d’un orchestre soudé où chacun a sa part, ce que la captation - faite de nombreux plan serrés - rend fidèlement. Le flot acrimonieux de l’alto de Benedikt Reising, vite rejoint par son compagnon d’anche Matthias Wenger sur « Rezitae Furije Furije » en témoigne. Déjà présent sur Cinéma Hildegard, il est ici plus pugnace, porté par une base rythmique enflammée. Ce Live in Goettingen est le réjouissant complément à la discographie d’Hildegard, dont on peut assurer désormais qu’elle sait voler de ses propres ailes. Supersonique.