Chronique

Ignaz Schick & Oliver Steidle

Ilog 2

Ignaz Schick & Oliver Steidle

Label / Distribution : Zarek

Le musicien allemand Ignaz Schick a une discographie longue comme le bras ; il a passé toute sa vie à initier des rencontres musicales et à innover dans l’utilisation de l’électronique pour créer des instruments étranges, des sonorités multiples et surtout faire tomber toutes les barrières possibles de l’esprit. Une vaste toundra à l’horizon invisible, voilà le terrain de jeu de ce saxophoniste reconverti en démiurge aux machines branchées.

Ignaz Schick invite ici le batteur berlinois Oliver Steidle, déjà rompu aux exercices vitaminés d’un jeu de batterie très pétillant et à la rapidité stroboscopique. Le jeu est le suivant : tout est fait en direct, aucun montage, aucun overdub.
Aussi, les sampleurs, les boucles, les platines de Schick envoient toutes sortent de sons, de paroles, d’extraits de film, de radio et tout une série de distorsions tandis que Steidle embrase un autel de bois, de peaux et de cuivre et fait crépiter la batterie comme pour un 14 juillet (disons un 3 octobre, porte de Brandebourg, plutôt…).

Les douze morceaux portent des titres évocateurs comme « There is No Escaping », « The Insanity that Surrounds Me » ou « Flying Saucer ».
Parfois, Oliver Steidle utilise aussi un sampler et un pad pour un dialogue qui devient alors une plongée dans un univers numérique, électrique et fantasmagorique à l’image de la pochette graphique. Cette épiphore illustre parfaitement le sens de cette musique.
Construite en temps réel par action/réaction entre les deux protagonistes, elle s’appuie sur de toutes petites structures sonores, avec lesquelles ils jonglent, mais qui jaillissent en permanence et en grande quantité. Tout va très vite et l’alternance de morceaux déconstruits et en recherche avec des plages plus binaires, où la batterie prend la main, donne une grande cohérence à l’ensemble.
C’est une musique étonnante et rare, aux multiples reflets, qui offre de beaux voyages intérieurs.

par Matthieu Jouan // Publié le 18 avril 2021
P.-S. :

Une attention particulière est donnée au format des CD qui sont dans une pochette cartonnée ouverte, sous plastique et avec un format rectangulaire peu commun.