Scènes

Collectif Coax explose la kermesse

Collectif Coax fête ses 15 ans avec sa nouvelle création KERMESSE(S).


Abacaxi © Coax Collectif

Une coopérative de musicien·ne·s qui fête ses 15 années de productions, de concerts, de créations, etc., on ne voit pas ça tous les jours. Aussi, pour marquer le coup, Coax a organisé une longue journée d’évènements dans la salle du Générateur de Gentilly, juste de l’autre côté du périphérique parisien.

Noisy Ping-Pong © Coax collectif

Profitant du lieu, une immense salle vide de toute structure à part une scène, le Collectif Coax y a organisé une kermesse, baptisée Kermesse(s), nouvelle création déjantée du collectif, scénographiée par Jean Pierre Larroche.

De nombreuses pièces sonores interactives étaient à la disposition du public invité à investir les lieux. Fort de son travail d’action culturelle tout au long de l’année, le collectif met un point d’honneur à toucher le plus large public. Ici, à Gentilly, les familles sont nombreuses, les enfants pleins de sucre vrombissent et la gratuité de l’entrée lève tous les freins.
Les différents stands, composés de machines mêlant mécanique, lumière, électricité, magnétisme, moteur, son et dynamique se nommaient Flipper Cosmique, Acid Trampoline, Mariachi on Fire, @tablée, Ping Pong Noise, Punching-Wall, Pendulo-moteurs ou Dart Jukebox. Chacun d’eux permettait de créer des sons ou des musiques en interagissant sur le dispositif. Le plus suivi a été le tournoi de Ping-Pong Noise où deux joueurs s’opposaient pendant deux minutes tandis que, grâce à des capteurs fixés sous la table et reliés à des pédales d’effets, le guitariste Julien Desprez pouvait transformer chaque impulsion de balle en éruption sonore.

Les membres du collectif Julien Desprez, Yann Joussein, Simon Henocq et Antoine Viard étaient aux commandes pour assurer le bon déroulement de la Kermesse(s) et il faut leur reconnaître le mérite d’avoir su tenir le planning horaire, de 14 h à très tard dans la nuit. Une ponctualité que ne renierait pas la SNCF.
L’après-midi se passe à enchaîner les prestations sur scène d’une vingtaine de minutes, entrecoupées de temps libres pour explorer les stands ou assister à des performances.

CA-Extended © Coax Collectif

On entend CA- Extended, un plateau qui regroupe Camila Nebbia et Antoine Viard (sax), Olivia Scemama (b) et Philippe Gleizes (d) pour une musique compacte et puissante. Le jeune Valentin Goostman (lauréat de l’appel à projet Coax) a présenté son univers impitoyable, entre cor de chasse, électronique et effets, guitare sèche, trompette en plastique, percussions. Une surprenante alchimie poétique. Aymeric Avice, le plus souvent trompettiste, et la flûtiste Delphine Joussein ont proposé un duo plein pot. Sub-basse à la trompette, cris et chant dans la flûte, l’empreinte électrique de Nout n’est pas loin. Puis Avice se glisse derrière la batterie pour une fin de set très binaire et acide. Une belle surprise.
Après la performance de Takari Taka, un ensemble de Gentilly qui pratique la joute vocale sur des rythmes de batucada, c’est le grand mix de la Kermesse(s) et l’ensemble des intervenant·es s’ébroue. Une performance poético-rythmique à la voix et à la batterie, sax hurleur, fitness érotique, shaker à effets, tout semble prendre vie. On voit passer Simon Henocq en chef d’orchestre de l’ombre, dirigeant discrètement. La salle se vide ensuite et la soirée devient payante et tardive.

15 ans de Coax Collectif © Coax Collectif

C’est le trio Abacaxi (Francesco Pastacaldi à la batterie, Jean-François Riffaud à la basse et Julien Desprez à la guitare) qui ouvre le bal avec une version sans jeux de lumière mais pas sans énergie rock. Puis la pianiste Sophie Agnel sur piano droit amplifié se frotte à la batterie de Fabien Rimbaud dans une débauche contrôlée de claquements percussifs.
Après 5 heures de musique et d’expériences sonores, je quitte la kermesse qui se poursuit encore quelques heures devant un public venu nombreux, des musicien·ne·s de passage, quelques programmateurs curieux, bref, le petit peuple hors cadre. On ressort de là avec l’impression d’avoir visité la chocolaterie de Willy Wonka, dont les Oompas-Loompas sous acide auraient pris le contrôle, pour notre grand plaisir.