Chronique

Shinichi Ishizuka

Blue Giant

Ténor saxophone : Miyamoto Dai

Label / Distribution : Glénat

La maison d’édition Glénat, spécialiste de bandes dessinées, a commencé la publication en français d’un manga japonais dont le principal personnage est un jeune lycéen qui se découvre une passion pour le jazz et à qui on offre un saxophone ténor dont il ne sait pas jouer.

Commence alors pour Dai Miyamoto, ce jeune impétrant, une quête quasi-mystique qui va le mener, volume par volume [1], vers son but ultime : devenir une blue giant.

L’analogie avec ces fameuses étoiles géantes bleues, chaudes et spectrales sert à désigner les rares musicien.ne.s qui deviennent des monuments de l’histoire du jazz. Une étoile remarquable parmi les étoiles.

Aussi l’auteur, Ishizuka Shinichi, mangaka reconnu pour sa précédente série Vertical, nous plonge dans un Japon contemporain où les lycéens sont branchés sur leurs smartphones et leurs playlists et regardent avec incompréhension leur camarade basketteur s’enticher d’une musique qui leur est inconnue.
Cette expérience d’ostracisme culturel (relatif néanmoins), pour qui l’a vécue, est très bien mise en scène dans la bande dessinée. De même que la musique qui bénéficie d’une expression graphique très expressive permettant presque de voir/entendre les chorus du saxophoniste.
Ce dernier rencontre des personnages qui vont progressivement l’orienter dans la bonne direction pour devenir au mieux une blue giant, au pire un musicien de jazz !
La rencontre manga-jazz est rafraîchissante, le rythme d’un volume tous les deux mois maintient un suspense digne des séries télévisées et l’iconographie typique du jazz n’est pas trop caricaturée.

Et ça change des compilations annuelles des meilleurs disques de la discothèque idéale sélectionnés parmi les cent disques incontournables de l’histoire du jazz du monde entier de l’univers…

par Matthieu Jouan // Publié le 14 octobre 2018

[1Le tome 3 vient de paraître, le tome 4 est prévu pour novembre.