Chronique

Impérial Quartet

All Indians ?

Damien Sabatier (sopranino, as), Gérald Chevillon (ts), Joachim Florent (cb), Antonin Leymarie (d)

Label / Distribution : Inouïe Distribution

L’Impérial quartet a une nouvelle fois frappé avec un album du même acabit que les précédents, c’est-à-dire excellentissime. Du genre qui déménage et attaque les hostilités avec la grandeur des immenses musiciens. C’est foutraque à souhait et pourtant si sérieux. Ça bouscule, ça joue des coudes, ça crie et c’est plein de tendresse. L’Impérial quartet, c’est effectivement le mélange au poil de ces sentiments contradictoires. Au poil, car ils proposent une articulation carrément géniale.

Tout commence avec « Procession » et c’est presque un programme. Car dans All Indians ?, comme dans les disques précédents, on n’assiste pas à une succession de solos, même si on trouve un certain nombre de chorus – par exemple celui de Joachim Florent, ici exclusivement à la contrebasse, ou celui de Damien Sabatier sur « Bayuk » – tandis que les autres occupants de ce char bariolé envoient la purée. Il s’agit plutôt d’une entité, d’un tout, un système complexe où les phrases souvent syncopées des uns et des autres se heurtent, s’entrechoquent, se lovent. À la proue de ce navire de guerre, on trouve d’ailleurs les quatre musiciens, vent debout, contre les éléments. Dans d’autres formations les saxophones auraient été mis en avant. Là, Damien Sabatier et Gérald Chevillon – dira-t-on avec suffisamment d’insistance qu’à eux deux ils couvrent du riquiqui sopranino au volumineux basse, même si ici tout s’arrête au ténor ? – placent leurs phrases comme autant de harangues dans un discours qui foisonne de mille et une choses.

Quelques moments laissent penser à une sorte de nouvelle tradition, comme « Rouge bâton » ; c’est d’autres fois plus doux, à l’instar de « Bayuk » ; c’est bien entendu systématiquement porté par un génial groove – et on dira volontiers que la batterie d’Antonin Leymarie est loin d’être reléguée aux arrière-postes – ainsi qu’en témoignent « Indian’s First » ou encore « Aïe Coco » –. Et tout file ainsi pour le plus grand bonheur de nos oreilles jusqu’à cette pirouette, qui consiste à terminer par « Chant du matin » là où « Sunset » aurait été plus consensuel. Une pirouette finalement à l’image du nouvel album de ce quartet du tonnerre : fa-cé-tieux !