Scènes

Jazz à Saint-Germain-des-Prés Paris 2013

Belles affiches en hauts lieux. Du 16 mai au 3 juin, pour cette 13è édition, le festival organise des rencontres inédites ou inattendues dans des lieux sortant de l’ordinaire, situées pour l’essentiel au cœur du quartier.


Le 13è Jazz à Saint-Germain-des-Prés, qui a lieu cette année du 16 mai au 3 juin, ne se contente pas de proposer, de l’Odéon à la Sorbonne, de l’Hôtel Lutétia à l’église du même nom une musique qui, le reste de l’année, a fini par déserter totalement le quartier. Peu à peu le festival la reprend par la main et lui concocte de jolis itinéraires musicaux au fil des rues, cafés, facultés et bien d’autres lieux propices à la découverte d’affiches inédites, inconnues ou inattendues.

Et c’est sans doute un de ses traits les plus frappants : non content de se tenir en mai, époque où les pointures américaines sont plutôt en phase finale de répétitions chez elles, Jazz à Saint-Germain est avant tout un festival SDF qui visite sans vergogne de multiples lieux, souvent emblématiques, sans lien pourtant avec le jazz ou les musiques improvisées. Musique et décor. Jazz et peinture. Improvisations et cadre suranné : ces alchimies inédites forgent des ambiances qui transcendent le concert ou la rencontre. Exemple, l’an passé, avec le duo Laurent de Wilde/Stefano di Battista dans le transept de l’église. Ceux qui auront la bonne idée de se rendre précisément les 23 et 29 mai en cette même église, le 24 à l’amphithéâtre Binet de la fac de médecine, le 27 à l’amphi Richelieu de la Sorbonne, le 30 à la Maison des Océans ou le 3 juin à l’Odéon seront sans doute agréablement surpris par des rencontres différentes, mais qui procèdent du même esprit.

Monty Alexander, Didier Lockwood, Stéphane Huchard, Paolo Fresu, Edouard Ferlet, Manu Dibango, Michel Portal, Biréli Lagrène, Philip Catherine, Raphael Gualazzi, Trilok Gurtu figurent à l’affiche. Certaines prestations sont plus attendues que d’autres. Ainsi, Monty Alexander : attendu l’an passé, il avait dû jeter l’éponge à quelques jours du concert pour raisons de santé. Il a tenu cette année à honorer ses engagements et jouera donc le 30 à la Maison des Océans (rue Saint-Jacques) : l’estrade du grand amphithéâtre n’est pas ce qu’on peut rêver de mieux pour installer un méga Steinway, mais l’idée de son trio s’envolant dans les grandiloquents décors marins du lieu est plutôt séduisante.

Quelques jours plus tard, le 3 juin, Didier Lockwood, quarante ans de carrière (mais il ne les fait pas), mettra un point final à cette 13è édition dans la grande salle de l’Odéon, peu habituée à cette musique. Jazz-rock sous dorures en compagnie de Jean-Marie Ecay (g), Linley Marthe (b) et Paco Séry (dms).

Mais l’originalité de Jazz à Saint-Germain-des-Prés repose sur d’autres fondements. « Lorsque nous invitons un artiste, nous lui demandons de tenter quelque chose de différent » explique Frédéric Charbaut, co-fondateur et directeur artistique. Ajoutez à cela l’originalité du site et, de facto, vous avez forcément un concert inédit, même si le musicien vous est familier. Ainsi, Michel Portal investira l’église en compagnie du Quatuor Ebène pour des « conversations jazz » entre cordes, clarinette et bandonéon. Quant à Biréli Lagrène, son dernier quartet en date rencontrera le 24 mai Philip Catherine et Boulou Ferré dans l’Amphi Binet de l’Université Paris-Descartes. Parmi les rencontres à suivre de très près car inédites, Paolo Fresu en compagnie de Bebo Ferra (le 29 mai) et Trilok Gurtu au Lutétia avec Nils Petter Molvaer un soir et Matthias Schriefl le lendemain.

A cette particularité s’ajoute la mise en valeur délibérée de l’actualité. « Nous privilégions les sorties d’album » explique encore F. Charbaut. Ainsi Trilok Gurtu vient de sortir Spellbound. Raphaël Gualazzi, Happy Mistake, Stéphane Huchard, Panamerican, Thierry Maillard, Beyond The Ocean ; le Think Bach d’Edouard Ferlet est sorti depuis plus longtemps mais on ne saurait trop recommander ce pianiste capable de jouer R&B avec le batteur Jim Payne et de donner par ailleurs une musique profonde et très inspirée.

Des prisons à l’aéroport d’Orly

Jazz à Saint-Germain-des Prés a d’autres atouts, telle cette multitude de petits et grands événements gratuits qui l’escortent : expo, colloques, conférences, projections, « jazz et bavardages », rencontres, afters, cafés-concerts et jazz vocal amateur. Et même deux concerts organisés dans des établissements pénitentiaires. Retenons le Tremplin Jeunes Talents qui se déroulera sur deux soirs au Sunset-Sunside et où six formations sélectionnées parmi 60 autres disposeront de 40 minutes pour se départager. Le vainqueur sera, entre autres, programmé l’année prochaine au festival. Celui de l’an dernier, Matteo Pastorino Quartet, jouera le 22 mai avant Mina Agossi.

A retenir par ailleurs, pour ceux qui ont des fourmis dans les jambes, le Grand Bal Swing (Centre Culturel Irlandais) : un bal typé années 50 avec un super grand orchestre, l’Esprit Jazz Big Band, et plusieurs centaines de danseurs/seuses. Il est chaudement recommandé d’adopter un costume ou une coiffure d’époque : vous bénéficierez ainsi d’un tarif réduit.

Enfin, il ne vous aura pas échappé que le festival a rajouté « Paris » à sa dénomination d’origine. C’est que, désormais, il n’hésite pas à déambuler Rive droite (avec notamment une soirée à l’Hôtel de Ville), ou à gagner l’aéroport d’Orly où sont organisés des concerts le jeudi après-midi. Les spectateurs ? « Les clients de la Navette d’Air France », explique Frédéric Charbaut, « qui ont souvent quelques minutes d’attente à Orly-Ouest avant d’embarquer ».

  • Lire l’interview de Frédéric Charbaut
  • Voir le site de Jazz à Saint Germain des Prés et Paris
  • Kiosque billetterie sur la place Saint-Germain-des-Prés de 14h à 19 h