Scènes

Jazz à Vienne 2012, c’est cette semaine à Paris

Avec deux mois d’avance, le festival Jazz à Vienne, qui se tiendra du 28 juin au 13 juillet 2012, se déplace pendant cinq jours dans plusieurs lieux de la capitale. Pour présenter quelques artistes programmés cette année à Vienne. Pour rappeler qu’il est, sur le calendrier, le premier festival jazz d’importance de l’Hexagone. Et pour combler un relatif et injuste déficit d’image.


Avec deux mois d’avance, le festival Jazz à Vienne, qui se tiendra du 28 juin au 13 juillet 2012, se déplace pendant cinq jours dans plusieurs lieux de la capitale. Pour présenter quelques artistes programmés cette année à Vienne. Pour rappeler qu’il est, sur le calendrier, le premier festival jazz d’importance de l’Hexagone. Et pour combler un relatif et injuste déficit d’image.

Jazz à Vienne, qui a lieu durant la première quinzaine de juillet, propose pour la deuxième année consécutive un « Jazz à Vienne à Paris », série de cinq événements organisés cette semaine entre le Jazz Club Etoile et plusieurs lieux de jazz parisiens, en commençant par une « Rencontre avec Manu Dibango » le mardi 10 avril à l’Espace Selmer. Suivront cinq concerts dans cinq lieux différents, pour l’essentiel en partenariat avec les lieux en question, et avec des artistes programmés à Vienne cet été.

L’orchestre Bigre jouera le mercredi 11 avril (Jazz Club Etoile), le trio Enchant(i)er le jeudi 12 (Sunset-Sunside), Raynald Colon et le Franck Amsallem Trio le samedi 14 (Duc des Lombards) et Snarky Puppy le dimanche 15 (Nouveau Casino). Enfin, Bobby McFerrin sera le 24 au Théâtre du Châtelet pour une soirée incluant des invités et une master class de Tigran Hamasyan, « artiste résident » qui sera présent tout au long du festival, que ce soit au sein de diverses formations, pour enseigner ou bien pour débattre.

Ces dates comprennent également la conférence de presse du 32e Jazz à Vienne, car certains médias ne font pas toujours le déplacement à Vienne ou à Lyon pour y assister, fin mars, aux rituelles présentations. En organisant pour la deuxième fois cette « Semaine d’ouverture » dans plusieurs lieux de la capitale, Jazz à Vienne souhaite évidemment se donner toute la résonance qu’il mérite et pallier un relatif déficit d’image. En effet, malgré son ancienneté (le festival a été lancé en 1980), ses affiches somptueuses, sa rigueur musicale quasi constante et une couverture télé abondante (M6, Mezzo), ce festival né en même temps que le TGV n’a jamais atteint la notoriété de Montreux ou d’Antibes, au faîte de leur gloire.

Plus paradoxal encore, alors que de nombreuses formations américaines entament leur tournée européenne à Vienne, fin juin ou début juillet, il n’est pas rare que les médias de référence attendent Nice, Montreux, Antibes ou Marciac, c’est-à-dire plus d’un mois, pour les évoquer et assister aux concerts. Une impasse délibérée ? On se souvient ainsi de Wynton Marsalis qui, ayant pourtant entamé telle année sa tournée à Vienne au tout début juillet, n’a eu droit à un écho qu’à Jazz in Marciac, au mois d’août, ou encore de Keith Jarrett, qui a subi le même traitement au profit de Montreux, où il était pourtant programmé une quinzaine de jours après Vienne.

Il y a à cela de multiples raisons ; retenons les trois principales. Comme le soulignait un jour un vieil amateur, « Vienne n’est pas la Côte d’Azur » ; par ailleurs, le festival commence avant le début des vacances d’été (il se clôt traditionnellement le 14 juillet au petit matin). Ensuite, la région de Vienne n’est pas une grande destination touristique, malgré la proximité de l’autoroute A7 ; or, les organisateurs savent que malgré ces handicaps, non seulement ils doivent chaque soir tenter de remplir un Théâtre antique de quelque 8 000 places, mais surtout s’adresser à un public venu de Lyon, Grenoble, Valence ou Saint-Étienne, qui travaille le lendemain et n’a pas forcément un pouvoir d’achat démesuré. Enfin, quoiqu’on en dise, Jazz à Vienne se trouve parfois en concurrence avec Les Nuits de Fourvière, festival généraliste situé au cœur de Lyon et qui, même s’il s’efforce de ne pas programmer de spectacle musical durant Jazz à Vienne, s’adresse peu ou prou au même public. Aujourd’hui, la hache de guerre est enterrée mais la présence répétée de musiciens de jazz (tel Keith Jarrett) aux Nuits a pu brouiller, à tout le moins, les lignes de partage que chacun prétendait respecter.

D’où cette semaine à Paris, qui sera suivie fin mai d’une « Lyon session » ; là encore seront programmés en divers lieux partenaires des artistes attendus lors de la quinzaine viennoise.