Chronique

Johnny Griffin & Steve Grossman

Quintet

Johnny Griffin (ts), Steve Grossman (ts), Michael Weiss (p), Pierre Michelot (b), Alvin Queen (d).

Label / Distribution : Dreyfus Jazz

Au cours des ses cinquante années de carrière, Johnny Griffin a souvent joué dans des quintettes à deux ténors : après un groupe populaire avec Eddie « Lockjaw » Davis dans les années 60 et de fréquentes tournées avec Dexter Gordon dans les années 80, ainsi que des concerts avec Joe Henderson ou Clifford Jordan, Griffin s’est trouvé un nouveau partenaire en la personne de Steve Grossman et les deux ténors forment dans cet album une paire de fonceurs qui ne manque pas de style.

Grossman, cadet de Griffin de vingt ans, a commencé sa carrière en 1969 en entrant dans le nouveau groupe électrique de Miles Davis. Au cours des années 70, il a joué avec Elvin Jones comme dans des groupes de jazz-rock. Mais ces dernières années, il s’est converti à la tradition des ténors bebop musclés mais lyriques que Griffin personnifie.

La sonorité de Griffin, plus légère et plus suave, contraste assez fortement avec celle de Grossman, plus rugueuse, plus agressive.

La rythmique n’est pas en reste : le pianiste Michael Weiss, longtemps membre du quartette de Griffin, s’entend parfaitement avec le légendaire Pierre Michelot et le méconnu Alvin Queen à la batterie et ils apportent la force et la chaleur nécessaires pour soutenir les deux ténors.

La plupart des thèmes sont joyeux et rapides et donnent l’occasion aux deux saxophonistes de montrer leurs atouts. Il en ont composé les deux tiers, Michael Weiss un autre ; il y aussi le « This Time The Dream’s On Me » d’Harold Arlen et « Nica’s Tempo » de Gigi Gryce, un des sommets de l’album tout comme le « Taurus People » de Griffin. Ces deux thèmes sont joués à un tempo confortablement rapide et les solos y sont à la fois détendus et swinguants.

Chacun des deux ténors a sa ballade - « Don’t Say Goodbye (Just Leave) » pour Griffin et l’ellingtonien « Little Pugie » de (et par) Grossman. Les ballades sont excellentes et permettent d’ajouter de la variété à l’album, mais le reel intérêt ici est dans la confrontation virile des ténors. Les fans de Griffin ou de Grossman apprécieront sûrement, mais aussi ceux qui aiment un jazz simple et sans complexes.