Scènes

Kamasi Washington illumine les Nuits Sonores

L’harmonie des différences


Photos © Christophe Charpenel

Dédié à la musique électronique sous toutes ses formes et sans frontières, le festival des Nuits Sonores marque chaque année le début de la saison estivale à Lyon, avec une multitude de concerts et d’évènements dans toute la ville, dans un cadre ouvert à d’autres styles, à commencer par le jazz. Après Pharoah Sanders l’an dernier, c’est Kamasi Washington qui est venu ouvrir le bal de cette édition 2018, en partenariat avec le festival Jazz à Vienne.

Deux heures de concert pour six morceaux, trois titres du nouvel album à venir, Heaven & Earth, deux issus du triptyque The Epic, et un titre issu de Harmony of Difference, mais qui résume à lui seul l’Ep : « Truth ». Le tout impressionnant de maitrise malgré une formation réduite par rapport aux disques.

Le noyau dur de The Next Step est là : Brandon Coleman électrisé et électrisant derrière ses claviers, Tony Austin et Robert Miller aux batteries, la chanteuse Patrice Quinn, véritablement en transe, Miles Mosley, contrebassiste virtuose, et Ryan Porter au trombone. Une formation liée par une amitié de longue date, autour d’un leader aussi charismatique que réservé, laissant à ses compagnons une large place sur scène comme dans sa musique. A mi-concert, (c’est à dire après deux morceaux !) Rickey Washington, le père de Kamasi Washington est venu rejoindre l’équipe à la flûte traversière et au sax soprano, et ce jusqu’à la fin du concert.

Si le son dans le vaste auditorium était parfois diffus et quelque peu noyé par les cymbales des deux batteries simultanées, l’énergie était telle que le concert n’en n’a pas été moins captivant. Après une version enjouée de « The Rhythm Changes » en guise de salut, le groupe a quitté la scène sous un tonnerre d’applaudissements, laissant un public conquis, qui aurait volontiers prolongé la fête. Un concert grandiose, puissant, avec des allures parfois mystiques, d’un artiste qui laisse la musique agir d’elle même et qui reçoit autant qu’il donne. Kamasi Washington est décidément un musicien à part, à la frontière de bien des mondes, pour n’appartenir à aucun en particulier, et qui a fait des Nuits Sonores son chez-lui le temps d’une soirée mémorable.

Regardez le photo reportage du concert.