Scènes

La péniche L’Improviste…

Le jazz apparaît aujourd’hui comme une musique plus vivante que jamais. Les artistes sont de plus en plus nombreux, les projets se multiplient, avec autant d’esthétiques qui rendent cette musique de plus en plus difficile à définir, à étiqueter.


Le jazz apparaît aujourd’hui comme une musique plus vivante que jamais. Les artistes sont de plus en plus nombreux, les projets se multiplient, avec autant d’esthétiques qui rendent cette musique de plus en plus difficile à définir, à étiqueter. Tant mieux…

Mais si les propositions musicales ne manquent pas, leur exposition est souvent limitée, faute de communication (les médias grand public n’ayant malheureusement que peu de goût pour l’inclassable) et de lieux au sein desquels les artistes peuvent présenter, affiner et surtout partager le fruit de leur création.

Dans ce contexte, on ne peut que se réjouir de voir un nouveau club ouvrir ses portes. Le club en question, L’improviste, est une ancienne péniche à grain totalement restaurée, amarrée face au 35, Quai de l’Oise, dans le XIXe arrondissement de Paris, sur le bassin de la Villette et au bord d’une petite place pavée…

Péniche L’Improviste © Olivier Acosta

L’espace est réparti sur trois ponts. On entre, au niveau intermédiaire, dans une vaste salle cosy ou tables basses et canapés en cuir accueillent les apéros-jazz, pour patienter avant le concert et déguster un des vins sélectionnés par le maître des lieux. A une extrémité, une porte donne sur l’extérieur et un escalier par lequel on accède à une terrasse intermédiaire, puis au pont supérieur, pour profiter des beaux jours et écouter de la musique acoustique en plein air. A l’autre bout du pont médian, un large escalier descend vers la cale, magnifiquement aménagée en salle de concert. Un bar sur la droite, quelques tables entourées de fauteuils en cuir, et des rangées de sièges confortables qui se succèdent jusqu’à la scène, légèrement surélevée et bien éclairée pour que tout le monde puisse profiter du spectacle. Ce sont, bien sûr, ces spectacles qui nous intéressent en premier lieu, mais ajoutons, pour terminer cette rapide description, que la visibilité et la qualité d’écoute sont excellentes où qu’on soit installé. Des enceintes ont été placées des deux côtés tout le long de la cale pour favoriser la bonne propagation du son. En outre, de nombreux hublots permettent, pendant le concert, de profiter d’une vue imprenable et apaisante sur le parc de la Villette.

Jean-Luc Durban, le capitaine du navire, affiche clairement sa volonté de faire de ce club un endroit propice aux échanges, au partage, où avant tout spectateurs et musiciens soient accueillis dans les meilleures conditions possibles - et pas seulement matérielles. Passionné, Durban prône le métissage. Ecrit, improvisé, poétique ou sauvage, le jazz y trouvera (y trouve déjà) sa place, et tant mieux s’il est pluriel.

L’idée de mouvement semble sous-tendre le projet dans sa globalité. Le lieu lui-même, par sa potentielle mobilité, donne le ton. On y entre pour partir ailleurs, et les musiques qui y sont jouées sont comme autant d’invitations au voyage. Le mouvement est aussi celui du processus de création, auquel tout le monde est ici attaché. La musique se fait, se défait, ses contours se dessinent, soumis aux aléas de l’improvisation, à l’inspiration des musiciens auxquels le capitaine accorde une confiance totale, prenant un plaisir manifeste à se laisser surprendre par ses convives d’un soir. De très belles soirées y ont déjà eu lieu, et on attend avec impatience les concerts à venir, variés et passionnants.

Scène L’Improviste © Olivier Acosta

La musique croisera ici d’autres formes d’arts. Les idées ne manquent pas. Expositions de peinture ou de planches de bandes-dessinées, spectacles mêlant danse, théâtre et musique, spectacles pour enfants, performances d’improvisation musicale et graphique, vijaying… Tout est possible, l’important étant de favoriser la création et d’en mettre en valeur le résultat.

L’Improviste, club chaudement recommandé, est accessible facilement en transports en commun puisque situé à proximité des stations de métro Corentin-Cariou, Crimée ou Ourcq, la première étant la plus proche. Le prix d’entrée (valable pour les deux sets) est de 15 euros environ.

La programmation est annoncée sur le site ainsi que dans nos colonnes.