Chronique

Laurent Cugny

A Personal Landscape

Laurent Cugny (org, p, arr) et le Big Band « Lumière »

Label / Distribution : Universal

Avec ce nouvel album, Laurent Cugny dessine les contours de son univers musical « de chevet ».

Les affinités musicales de Cugny sont toujours des amours tendres et raffinées. Son goût pour les chansons (la mélodie plus que le texte, même si le verbe est déterminant pour lui qui écrit et publie) et le répertoire extraterritorial qu’il s’approprie et arrange (Sting, Lennon, Joni Mitchell) donnent à sa musique un aspect spatial diffus et aérien. La section de cuivres produit une nappe
sonore (feutrée et mate pour enrober un thème ou incisive et satinée pour trancher net le discours, un peu à la manière dont Quincy Jones répartit les timbres) constamment brumeuse.

L’invité David Linx, chanteur belge et médaillé, vient mêler le timbre évanescent de sa voix blanche aux tutti nuageux de l’orchestre. Il s’agit d’un travail d’arrangement très subtil, très technique. Les musiciens de l’orchestre forment un mélange de fidèles compagnons, routards du jazz français et jeunes tambours battants, espoirs couronnés. Le big-band Lumière est tout entier au service des
arrangements de Cugny et les musiciens qui y passent, qui s’y révèlent savent canaliser leur créativité et leur personnalité pour se faire doux comme des agneaux ; car il n’y a pas de loup de la bergerie. L’esthétique de Laurent Cugny est une dentelle ciselée, le travail est admirable et délicat. Mais il faut aimer la dentelle.