Chronique

Léon Phal

Stress Killer

Léon Phal (ts, arr), Gauthier Toux (p, synth), Rémi Bouyssière (b), Arthur Alard (dm), Zacharie Ksyk (tp)

Label / Distribution : Heavenly Sweetness

Le sax ténor Léon Phal tracerait-il la voie vers un jazz de l’avenir ? Revendiquant les influences du dub, de l’électro et de la french touch, il propose une musique délibérément taillée pour les dance-floors. Ses productions passent les instruments à la moulinette des samplers et autres loop-stations, sans en effacer les sonorités naturelles. En s’assurant les services de Gauthier Toux au piano, aux claviers et au Moog, il sait que son programme a de quoi convaincre et même davantage. Les deux musiciens sont plus que complices quand il s’agit d’assembler virtuosité instrumentale sur des instruments au naturel et intentions dansantes des plus contemporaines à l’aide d’un instrumentarium numérique.
Les bits et les octets deviennent matière vivante. Les entrelacs des vents débordent de vibrations émouvantes et dansantes. Pièce maîtresse, en quelque sorte, la relecture de « Naïma » (Coltrane évidemment), avec un clavier limite « churchy », résonne comme une prière désacralisée sous l’effet d’un beat profond que la rythmique se plaît à déconstruire pendant le solo incendiaire du leader. Deux interventions vocales enfoncent le clou d’une contemporanéité dansante, métisse, sensée et sensuelle. Gare à Léon Phal et ses acolytes : la fontaine de jouvence qu’ils sont pour le jazz pourrait bien finir par déborder, pour notre plus grand bien !