Chronique

Maäk’s Spirit

Le nom du vent

Laurent Blondiau (tp), Jeroen Van Herzeele (ts), Michel Massot (tba, tb), Jean-Yves Evrard (g), Otti Van der Werf (b), Eric Thielemans (d)

Label / Distribution : Néfertiti

Je ne résiste pas au plaisir de sauter tout de suite au petit chef-d’œuvre qui clôt Le nom du vent, Happiness : 11 minutes et 17 secondes de fin de journée passées sur un porche, dans un fauteuil à bascule, à regarder paisiblement la vie se dérouler dans un coin perdu de la Louisiane. En tout cas, c’est ce que m’évoquent ce tempo lent au chaloupement discret, cette guitare doucement caressée et ces solistes qui, sans se presser le moins du monde, développent une imagerie blues, rauque pour Massot, légère pour Van Herzeele.

Happiness représente un pan de cet album, complété par Le nom du vent ou Soumaya’s dream et entrevu ici et là dans d’autres morceaux de diverses manières : douceur, tranquillité et manque d’empressement créent l’espace nécessaire à un dialogue ouvert et intime (qui a été renforcé par la disposition des musiciens en cercle, en se faisant face, lors de l’enregistrement).

L’espace, justement, est d’une importance capitale. Souvent vide, il se remplit et se désemplit au cours de l’album de manière organique, généralement au gré d’improvisations libres en forme de dialogue rempli d’humour (Contine). Le dialogue est une autre composante essentielle de l’album et se reflète dans le jeu proche de la parole adopté par Blondiau, Massot et Herzeele.

Si l’album est essentiellement improvisé, les quelques morceaux écrits amènent une diversité bienvenue : la manière dont les riffs font monter l’intensité dans The oneagain song rappelle l’écriture récente de Dave Holland tandis que Soumaya’s dream approche d’une ballade jazz standard.

Parmi les bonnes prestations (l’impertinence de Massot et Thielemans, la fantastique douceur d’Evrard, la retenue de Van der Werf et de Blondiau) j’ai été le plus surpris par celle de Van Herzeele, qui développe un jeu très différent, plus intéressant à mon goût, de ce qu’on peut entendre au sein de Greetings From Mercury.