Chronique

Rêve d’Eléphant Orchestra

Racines du Ciel

Pierre Bernard (fl), Laurent Blondiau (tp, flg), Michel Debrulle (d, perc), Jean-Yves Evrard (g), Michel Massot (tba, tb), Etienne Plumer (perc), Stephan Pougin (perc).

Label / Distribution : De Werf

Jugeons cet album par sa couverture. Rêve d’Eléphant : une musique dont même les éléphants ne se souviennent plus qu’en songe, faite par un Orchestra qui est presque un Arkestra. Racines du Ciel : dès le premier morceau nous sommes entraînés vers un ailleurs qui ne cesse d’évoquer (d’invoquer) un esprit émanant directement de la terre, de la Terre entière. Toujours en couverture, si on y reconnaît un peu d’Afrique, c’est tout de même l’éléphant bleu qui nous contient tous qu’il faut chercher…

Dans la musique, composée pour l’essentiel par Massot et Debrulle, nous entendons d’abord, forcément, des rythmes : épais, foisonnants mais toujours clairs et bien articulés. Ces rythmes sont importants, mais non suffisants, pour faire cette musique qui traverse la Terre de toute parts, et qui en porte les traces. Vient alors la touche qui sort cette musique du lot : plutôt que d’être simplement (et facilement) posés par-dessus un tapis rythmique, les soufflants sont bien souvent dans la rythmique. Volume, mélodie, intention : les solistes ne subjuguent pas le rythme, mais l’étoffent et l’étendent. La musique en devient un tout sonore assez unique, mais non renfermé sur lui-même : on y reconnaît les éléments (blues, free, abstractions harmoniques, musique indienne, techno…) qui sont comme renouvelés et personnalisés dans ce contexte.

Je ne peux recommander assez cette musique qui semble évidente mais remplie d’imaginaire, sophistiquée mais jouissive, et, finalement, intemporelle (dans le sens « Ancient to Future »).