Chronique

Marco Von Orelli 5

Alluring Prospect

Marco Von Orelli (tp), Lukas Briggen (tb), Michel Wintsch (p, cla), Kaspar Von Grüningen (b), Samuel Dühsler (dms)

Label / Distribution : Hatology / Harmonia Mundi

Si Close Ties on Hidden Lanes, son précédent disque en sextet chez HatHut, en disait long sur l’efficacité de son écriture, si sa participation ancienne au Root Down de Tommy Meier l’a consacré comme l’un des trompettistes les plus en vue sur la scène helvétique, c’est en compagnie du guitariste Luis Lopes au sein du Big Bold Black Bone que Marco Von Orelli s’est imposé sur les écrans radar européens. Est-ce cette fructueuse collaboration qui a conduit à ce « Prolog – Lisboa Days » qui ouvre ce nouvel album par un solo chaleureux ? Le natif de Bâle mène depuis plus de quinze ans une carrière qui se partage entre musique écrite et improvisation, comme en témoigne Alluring Prospect, paru cette fois-ci en quintet sur le fameux label à tranche orange.

Cette baisse d’effectif n’est pas qu’une simple réduction de voilure ; en se passant de la clarinette basse de Lukas Roos, le trompettiste recentre son propos sur le noyau que constitue sa relation avec le tromboniste Lukas Briggen et surtout le pianiste Michel Wintsch, récemment remarqué pour son solo Roof Fool, également chez HatHut [1]. C’est tout l’enjeu de « Monte Verità  » où les trois compères bataillent avec intensité, portés par la contrebasse attentive de Kaspar Von Grüningen. Les deux soufflants se lancent notamment dans une discussion exclusive qui marque le propos très contemporain d’une couleur influencée par la seconde école de Vienne.

On retrouve également la complémentarité de ce noyau dur sur le très abstrait « Triptychon  » que les grésillements électroniques du synthétiseur de Wintsch teintent d’une atmosphère assez complexe. La trame du morceau se révèle très braxtonienne, notamment lorsque le clavier se fond dans les sifflements métalliques des cymbales de Samuel Dühsler. On retrouvera, dans le long morceau « Vita  », une direction similaire où Von Orelli trouve en son pianiste un interlocuteur incontournable, ponctué par le jeu d’embouchure du tromboniste. Le résumé idéal d’un album qui s’appuie largement sur cette relation privilégiée de solistes remarquables et consacre de nouveau la Suisse comme un creuset intarissable.