Chronique

Michael Attias

Echos la nuit

Michael Attias (as, p)

Label / Distribution : Out of Your Head Records

Saxophone et piano, deux instruments et un solo. Michael Attias publie aujourd’hui un travail qu’il mène depuis 2006 [1] dans lequel il joue à la fois des deux instruments. De manière concomitante d’ailleurs puisqu’il ne s’agit pas d’utiliser les possibilités d’un studio et du réenregistrement mais plutôt d’envisager le piano comme matrice harmonique et mélodique aux envolées du saxophone. A partir d’une étude sur les combinaisons permettant d’appréhender à la fois le clavier et les clés, il interprète une suite de petites pièces ouvertes au silence et à la sculpture du temps.

Les sons se superposent ou se dissocient et font naître de courtes phrases qui s’appuient sur l’ellipse pour générer des imaginaires que le saxophoniste ne se prive pas d’explorer. Le piano est utilisé de manière délicate et dans la retenue, se détournant des accords au bénéfice de la singularité des notes. C’est bien la résonance des cordes qui est ici privilégiée. Le traitement progressif des harmoniques s’efface en cercles concentriques de plus en plus ténus et forme une sorte de lavis hypnotique.

L’attention portée à la finesse des textures, comme autant de signes capables de changer l’orientation du morceau, témoigne d’une volonté de se laisser porter par la poésie des timbres. Cette acuité exacerbée permet alors au saxophoniste de s’engager sur des voies aériennes avec une légèreté virevoltante. En traçant des trajectoires voluptueuses, brisées ou courbes, sa sensibilité affleure au plus près de la technique instrumentale et, de ce fait, la dépasse.

Riche d’un parcours qui l’a vu côtoyer des musiciens aussi différents que Paul Motian ou Anthony Braxton, Michael Attias façonne avec obstination et liberté une personnalité dans laquelle la distinction entre l’intellect et le sensible se résout, où le jeu est l’expression de l’être. Loin d’une musique collective qu’il pratique avec le même savoir-faire (comme avec son quartet Nerve Dance), il s’engage, dans ce travail en solitaire, dans la recherche d’une forme de spiritualité du son.