Chronique

Alex Ward

Gated

Alex Ward (eg, s, basse, batterie, synthétiseur, programmation, etc.)

Label / Distribution : Discus Music

Rémy Bricka n’a qu’à bien se tenir. Pour celles et ceux qui l’auraient oublié ou ne le connaîtraient pas, Rémy Bricka est cet homme-orchestre chargé d’un fardeau d’instruments et capable à lui seul d’interpréter toutes les sections d’une partition.

Il doit prendre garde aujourd’hui à l’Anglais Alex Ward qui, lui non plus, ne craint pas la multi-instrumentalité, et qui surtout joue dans la surenchère (basse, batterie, claviers, programmateur, saxophone, clarinette, etc.). Sur Gated qui sort chez Discus Music, il interprète l’intégralité des dix pistes que compte le disque. Il s’aide d’un studio, il est vrai, mais la construction alambiquée des morceaux ajoute à la prouesse de ce musicien. D’autant que certains titres dépassent largement les dix minutes, avoisinant pour l’un d’entre eux les dix-huit.

Inscrite dans la sphère des musiques improvisées, expérimentales ou avant-gardistes de la scène britannique (le disque est dédié à Simon H. Fell, décédé récemment), la musique n’en est pas moins ambitieuse. Au croisement du jazz le plus contemporain, du rock progressif et du métal, avec un goût affirmé pour l’excès et l’accumulation de couches sonores, Ward déroule des morceaux impeccablement construits qui dégagent une énergie, voire une rage, réelle.

Dans ses parties les plus calmes, le travail sur la dissonance permet d’entendre aussi un musicien capable de finesse et d’un travail sur les associations harmoniques audacieuses et justes. En guitar-hero patenté sur cet instrument et en soliste expressif sur la clarinette ou le saxophone, il ponctue les titres d’interventions qui ajoutent une expressivité supplémentaire à l’ensemble du disque.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 13 février 2022
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