Chronique

Murat Öztürk

Crossing my bridge

Murat Öztürk (p), Gautier Laurent (b), Olivier Strauch (d), Jean-Pascal Boffo (effets)

Label / Distribution : Laborie Jazz

Ce troisième disque en leader d’un pianiste discret mais persévérant mérite une attention certaine. La formule du trio traditionnelle est ici embellie de quelques artifices aussi discrets qu’efficaces ; effets, guitare, Fender Rhodes… Cela suffit déjà à sortir du cadre balisé piano-basse-batterie, tellement dangereux.

Chez Murat Öztürk, le jeu est détendu, fin et délicat. Pas de colère (ou alors très contenue), pas de fougue, juste ce qu’il faut d’énergie pour assurer une certaine dynamique aux mélodies rêveuses et lentes. Les deux compagnons Gautier Laurent (contrebasse) et Olivier Strauch (batterie) savent laisser le piano s’exprimer. Quelques bonnes idées à l’archet ou aux balais, un bon sens du swing, et ils entourent le pianiste, supportent son jeu avec modestie et distinction.

Sans être la révolution de l’année, ce disque est au moins la preuve que ce pianiste multiculturel, qui n’en finit pas d’étonner et de se faire remarquer (distinctions, compositions de musique de film, collaborations artistiques…), a le sens de la mélodie (et de l’humour) et de l’ambiance. Sur « Panthère Öz », il propose un thème en forme de riff sautillant très accrocheur. Sur « Dede’s dance », c’est un voyage mystique qui est proposé grâce aux sonorités de sitar utilisées sur un thème en boucle. Un bon disque, qui promet de beaux concerts.