Chronique

Sébastien Farge

Ségurel Forever

Sébastien Farge (acc, comp, arr) ; Murat Öztürk (p) ; Gautier Laurent (cb) ; Francis Arnaud (batt) ; Roland Carbety (beatbox)

Label / Distribution : Laborie Jazz

Corrézien, accordéoniste, concepteur-testeur pour les accordéons Maugein et directeur artistique des Nuits de Nacre à Tulle, Sébastien Farge « passe au jazz » sur le label Laborie, fleuron de la région Limousin. Le directeur de Laborie Jazz, Jean-Michel Leygonie, lui a proposé un programme de cinq ans et trois albums ; pour le premier, il rend hommage à son illustre aîné Jean Ségurel, porte-flambeau du musette limousin qui fit les beaux jours des bals populaires à une époque où le folklore fleurait bon la terre qui ne ment pas. Où une mesure, c’était à trois temps ou à quatre temps, un point c’est tout. Où une harmonie ne pouvait être que tonale, sous peine d’excommunication.

En compagnie d’un quartet bariolé associant Murat Öztürk et le contrebassiste Gautier Laurent, issus de l’écurie Laborie Jazz, à Francis Arnaud, batteur que l’on a croisé auprès de gens aussi divers que Dominique Fillon ou Charles Aznavour, et au beat-boxer Roland Carbety, Farge reprend les tubes de Ségurel (« Un p’tit gars corrézien », « Marie des Bruyères », « Bruyères Corréziennes »…) et ose leur infliger quelques incartades métriques ou harmoniques. Nulle extravagance toutefois : les puristes ne devraient pas être pris de convulsions à l’écoute de ces très sages détournements, dont le plus osé consiste à jouer à sept temps la bourrée « Une Espagnole à St Flour ».

Les compositions s’ancrent dans la musique de bal populaire ; parfois, pourtant, elles regardent du côté d’aventures accordéonistiques plus actuelles (on pense, sur l’intro de « Oh Maria », à Electrizzante de Gérard Pansanel). L’ensemble, on l’aura compris, n’est pas très homogène ; les prochains albums nous diront si la greffe jazz a pris sur le châtaignier corrézien.