Chronique

Nduduzo Makhatini

The Spirit Of Ntu

Nduduzo Makhatini (p), Linda Sikhakhane (sax), Robin Fassie Kock (tp), Dylan Tabisher (vib), Stephen de Souza (elb), Gontse Makhene (perc) Dane Paris (dms), Omagugu Makhathini (voc), Anna Widauer (voc), Jaleel Shaw (s).

Label / Distribution : Blue Note Africa

Avec déjà huit albums au compteur, tous produits sur le label Gundu Entertainment qu’il a fondé, le pianiste et compositeur Nduduzo Makhatini n’est pas un nouveau venu sur la scène musicale. Son nouvel album In the Spirit of Ntu représente néanmoins l’aboutissement d’une démarche esthétique qui met en avant la dimension curative de la musique sud-africaine.

Depuis qu’il a été révélé au grand public en 2016 pour son travail au côté de Shabaka Hutchings avec lequel il partage un même attachement aux rythmes traditionnels, Nduduzo n’a cessé d’explorer de nouveaux territoires. Mêlant la transe aux rythmes organiques de sa culture ancestrale, tel que le malongo, son disque tellurique qui vient inaugurer Blue Note Africa, dernier né du label historique, est un régal pour les sens autant qu’un ravissement pour l’esprit.

Bien qu’influencé par l’œuvre de Coltrane, de Randy Weston ou d’Abdullah Ibrahim, c’est pourtant dans ses racines familiales qu’il faut chercher sa principale source d’inspiration. De sa grand-mère « Sangoma » (guérisseuse en zoulou), Nduduzo a hérité la vision d’une musique au pouvoir shamanique, cherchant un langage universel fait de notes suspendues, de motifs répétés sur un tempo obsédant qui n’excluent pas le surgissement d’improvisations fiévreuses, gorgées de lyrisme et propices à l’élévation.

Avec une telle débauche d’énergie pianistique, où la beauté est présente dans chaque note et le mysticisme jamais très éloigné du projet initial, il ne fait aucun doute que Makhatini, Révélation du Winter Jazz Fest de New York 2020, offre aux fondus de nouveauté sonore une musique généreuse et ouverte, jamais obtuse, jamais opaque mais pleine de promesses, en somme à son image.