Chronique

Nubya Garcia

Source

Nubya Garcia (sax) - Joe Armon-Jones (kb) - Daniel Casimir (b) - Sam Jones (d)

Label / Distribution : Concord/Universal Music

Le nom de Nubya Garcia ne cesse d’apparaître dans la bouche d’amateurs de jazz contemporain depuis quelques années. Il faut dire que la jeune saxophoniste britannique enchaîne les collaborations à succès. Gage de celui-ci, son premier EP Nubya’s 5ive est épuisé en 24h, quant au second, When We Are, il est encensé par la presse.
La sortie de Source le 21 août dernier met donc fin à l’attente impatiente de son public. Pour ma part j’ai découvert Nubya Garcia en 2017 sur le titre « Tanner’s Tango » paru sur l’EP Idiom de Maxwell Owin et Joe Armon-Jones. Ce dernier figure d’ailleurs sur ce premier album, non pas en tant qu’invité, comme je l’aurais pensé, mais en tant que claviériste du groupe formé par Garcia dont font également partie le contrebassiste Daniel Casimir et le batteur Sam Jones.

Les influences de la musicienne sont variées, aussi bien géographiquement que musicalement. Elle s’inspire de la scène jazz londonienne, des mélodies et rythmes vénézuéliens, guyanais - notamment dans « Before Us : in Demerara & Caura » où elle incorpore des chants folkloriques de Guyana - ou encore colombiens avec le titre « La Cumbia me está llamando », interprété avec la percussionniste et chanteuse de La Perla, Diana San Miguel.

Deuxième single, « Source » est le morceau qui se démarque le plus par ses sonorités dub. Composé avec Ms Maurice (voix, trompette), Cassie Kinoshi (voix, saxophone) et Richie Seivwright, ce titre à écouter sur soundsystem risque de déplaire aux aficionados du jazz à la Sidney Bechet. Le disque se termine en beauté avec le titre « Boundless Beings », qui s’ouvre sur la voix grave et envoûtante de la chanteuse Akenya.

Dans cet album, Garcia met à l’honneur les musiciennes de la sphère jazz actuelle car, comme elle aime le rappeler, elle n’est pas la seule femme à faire du jazz. « Stand With Each Other », en collaboration avec les chanteuses Richie Sievwright, Cassie Kinoshi et Sheila Matrice-Grey (membres de Kokoroko), illustre parfaitement cet engagement, cette solidarité féminine. Ce morceau aux résonances orientales teinté d’harmonies vocales, entre reggae et R’n’B, rappelle les Wailers.

À travers les noms de ses compositions c’est un appel à la cohésion, à la lutte, au vivre ensemble et à la collectivité que lance Nubya Garcia. Ce premier disque très personnel et intime (en particulier « Together is a Beautiful Place to Be ») fait référence à ses origines, son histoire et son identité. Un album qui valait le coup d’attendre !