Chronique

Ayumi Tanaka Trio

Subaqueous Silence

Ayumi Tanaka (p), Christian Meaas Svendsen (cb), Per Oddvar Johansen (d)

Label / Distribution : ECM

Cela fait bientôt 10 ans que la pianiste Ayumi Tanaka a quitté son Japon natal pour Oslo. C’est son intérêt pour les improvisateurs norvégiens qui l’y a conduite. Elle y rencontre les membres de son trio avec lesquels elle développe un langage musical autour de compositions minimalistes. Après sa participation à l’album acclamé de Thomas Strønen, Bayou, il s’agit de son premier disque pour le label ECM. Une construction autour du silence : de l’ambivalence de son inertie à la douleur de son dynamisme. Très peu de repères mélodiques entraînent l’auditeur dans un état presque contemplatif, voire méditatif. Les musiciens jouent autour du silence, et tout en gardant une certaine retenue ils construisent un environnement sonore entre abstraction et figuralisme. Ils se jouent des apparences ; la tranquillité du piano cache la nervosité pulsative de la contrebasse et de la batterie qui, de temps à autre, s’amuse à se confondre avec la pluie, le bruit des vagues ou encore du vent. L’inconfort du début de l’album est très vite rattrapé par « RUINS II ». Troisième titre, le plus court et pourtant le plus saisissant. Un album qui exige un lâcher-prise, un certain calme et de la patience. Une patience qui sera récompensée par une intensité expressive délicate, fascinante avec un soupçon d’amertume.