Chronique

Omer Avital

New Songs

Omer Avital (b) ; Avishai Cohen (tp) ; Joel Frahm (ts) ; Yonathan Avishai (p) ; Daniel Freedman (dm)

Label / Distribution : Abeille Musique

La scène jazz israélienne ne jouit peut-être pas d’une renommée immense mais compte dans ses rangs une poignée de figures de grande importance, Abi Lebovich ou Avishai Cohen par exemple. Fort d’une crédibilité new-yorkaise acquise lors de collaborations de prestige et surtout dans la fréquentation stakhanoviste des scènes de club, le contrebassiste Omer Avital en fait également partie. En treize ans de carrière discographique, il a peu à peu acquis une notoriété non négligeable dans une sphère malheureusement confidentielle.

Ce parcours forme un fond suffisamment vaste pour que s’y dessine une constante : un orientalisme abreuvé aux sources mizrahim – les juifs d’Orient – de sa famille, bien tempéré par une approche somme toute assez classique du jazz rappelant parfois les très riches heures du hard-bop façon Blue Note, et mêlée çà et là de chaleurs plus tropicales qu’orientales. Sans grandes audaces, une musique tout en efficacité et jouée avec assez de sincérité et de soin pour que ces airs de « déjà entendu » conservent leur charme.

Le patient raffinement de ces qualités donne à ces New Songs des allures de redoutable machine mélodique fonctionnant à coups de gimmicks bien trouvés, vigoureux et nets, qui très vite en vous s’invitent et vous accompagnent un moment. Dans la superposition des motifs, évidents et ciselés à la perfection, se reconnaissent des thèmes de fanfare, de musique populaire, qui tournent à la liesse et où les chants semblent surgir spontanément de la transe (l’enthousiasmant « Tsafdina »).

Un tel degré de maîtrise susciterait une adhésion sans réserve si on ne déplorait quelques excès de suavité… Le jeu de saxophone de Joel Frahm par exemple, est parfois exagérément expressif - il gâche plus qu’il ne rehausse un morceau comme « Sabah El-Khier (Good Morning) ». Ce type d’accroches trop voyantes, à peu près aussi pertinentes que des traits de surligneur fluorescent sur une page de calligraphie à l’encre de Chine, nuit à ce disque par ailleurs riche d’atouts. Autant de qualités et de défauts qui se retrouvent dans le morceau final, « Small Time Shit » qui, d’abord noblement sculpté par le riff de basse, se charge petit à petit de sucreries excessives, jusqu’à ce que s’atténue le goût de revenez-y.