Chronique

Sandro Zerafa

More Light

Sandro Zerafa (g), Yonathan Avishai (p), Yoni Zelnik (b), Lukmil Perez-Herrera (dms) + David Prez (ts)

Label / Distribution : Jazz&People

Sandro Zerafa incarne, parmi d’autres, l’esthétique et l’état d’esprit chers à la « famille » de musiciens réunis sous la bannière du Paris Jazz Underground, qui se plaisent à jouer un jazz solidement arrimé à ses fondamentaux post-bop tout en l’amenant, par le soin porté aux mélodie et par la recherche de simplicité dans les formes, à s’approcher de ce que l’on pourrait nommer des chansons instrumentales.

C’est assurément ce sillon que le guitariste creuse avec More Light, où neuf compositions sont servies par un quartet irréprochable, augmenté à trois reprises du saxophoniste David Prez. Celui-ci modifie l’équilibre du quartet en apportant par ses interventions solistes ou ses conversations avec le guitariste une interactivité volontairement gommée ailleurs. Elle régit pourtant les flux d’une musique travaillée à quatre dans l’instant, mais la sonorité claire de Sandro Zerafa, et surtout son phrasé serein, font que sa guitare fait souvent office de voix. Yonathan Avishai, Yoni Zelnik et Lukmil Perez-Herrera se retrouvent donc davantage dans une posture d’accompagnateurs qui, si elle n’entrave pas leur sensibilité, contient leurs possibles sorties de route ou les larges écarts d’intensité. C’est donc la dimension mélodique qui est ici privilégiée, et chacun prend soin de l’alimenter ou la porter avec élégance.

Les thèmes sont à ce sujet de belles invitations pour les musiciens au développement d’un jeu apaisé, et c’est le soin apporté à celui-ci qui est l’élément remarquable de More Light. Y chercher d’éventuelles démonstrations de bravoure est vain. Le jazz de Sandro Zerafa n’impressionne que par la beauté de ses phrases et la limpidité du son d’ensemble, auquel chaque musicien contribue humblement. Les deux épisodes de « Blurred Vision » montrent, avec leur mid-tempo chaloupé, combien la musique peut circuler sans effets de contrastes ou ruptures notables. Le groupe laisse tourner ses grooves légers, délicatement dansant, ou propose sur de belles ballades, comme « Elis » ou « Sicula », de moments suspendus dont il convient de saluer l’attrait.