Rémi Panossian Trio
88888888
Rémi Panossian (p, kb), Maxime Delporte (b, elb), Frédéric Petitprez (d, perc, kb, doudouk).
Label / Distribution : Naive
8 au compteur, et des 8 partout à n’en plus finir, comme s’il en pleuvait… Le trio du pianiste Rémi Panossian fête ses 15 ans d’existence avec un huitième album enregistré à Séoul, capitale de la Corée du Sud, un pays vers lequel le groupe revient à intervalles réguliers depuis ses débuts et où il semble se sentir un peu chez lui. Fidèles au langage auquel ils nous ont habitués – cette alliance réussie entre énergie décontractée, verve mélodique et une bonne dose d’humour – les trois compères reviennent avec 88888888, un titre tiroir qui symbolise l’infini tout autant que le rang de leur nouveau disque qui file par ailleurs la métaphore informatique (visuel de la pochette, agencement des titres…).
Soyons francs : pour les avoir suivis fidèlement depuis leur premier rendez-vous discographique [1], il n’est plus vraiment question de surprise à l’écoute des dix (et un peu plus…) compositions de cette nouvelle déclaration que Rémi Panossian, entouré comme il se doit de Maxime Delporte (basse) et Frédéric Petitprez (batterie), fait à la musique telle qu’il la désire : un jazz aux couleurs « pop », généreux et porteur d’un plaisir qui parle au cœur autant qu’au corps. Qu’importe après tout si l’on est en pays de connaissance puisque cette proposition du trio est une fois encore la source d’une jubilation constante, entre jazz acoustique et accents plus électriques, voire électroniques, aux formes mouvantes (« Spam » et sa mélodie jouée au doudouk par Frédéric Petitprez). Une formule inchangée (et gagnante pour ce qui concerne RP3) n’est pas forcément synonyme de répétition ou d’ennui, loin de là.
Les thèmes se suivent et s’enchaînent naturellement, entre moments contemplatifs (« Nena ») et courses plus effrénées (« Bibimbop », avec son jeu de mots typique du trio ou « Hello Kimchi »). On comprend au bout du compte que ce que l’on aime chez le trio de Rémi Panossian, c’est le fait qu’il ait réussi au fil des années à devenir une entité identifiable et maîtrisée. Ce n’est pas si courant après tout. 88888888 s’écoule et s’écoute dans un grand sourire, baigné d’une lumière qui sera celle du soleil couchant ou levant, selon votre humeur. Comme celle de « Trojan », la (presque) conclusion du disque.

