Chronique

Renaud García-Fons

Blue Maqam

Renaud García-Fons (b), Soleá García-Fons (voc), Stéphan Caracci (vib, mb), Jean-Luc Di Fraya (d, perc).

Label / Distribution : Sound Surveyor

On a coutume de présenter, à juste titre d’ailleurs, Renaud García-Fons comme un virtuose de la contrebasse, qui compte chez lui cinq cordes traversées d’une même et intense vibration, en pizzicato ou à l’archet. On sait aussi de sa musique qu’elle est voyageuse et peut survoler tous les continents, ses influences majeures allant de la Méditerranée à l’Orient. Tout cela est vrai, plus que jamais, avec Blue Maqam qui se présente comme un trait d’union supplémentaire entre jazz et musiques orientales. Mais ce nouveau disque vient nous rappeler ce que nous soulignons ici depuis longtemps : la musique de Renaud García-Fons, quelles qu’en soient les sources d’inspiration, les couleurs et les textures, est l’expression d’un chant.

Bon sang ne sachant mentir, le contrebassiste a fait connaître par touches successives la complicité qui l’unit à sa fille chanteuse, Soleá García-Fons, dont on avait pu repérer les apparitions sur de précédents disques (comme Cinematic Double Bass).
La voici cette fois au premier plan, multipliant les langues (huit au total : l’anglais, le français, l’arabe, le grec, l’espagnol, l’italien, l’hébreu et le persan) et pleinement associée au travail de son père en ce qu’elle a contribué à l’écriture de plusieurs textes.

Prenant appui sur une paire rythmique féline et lumineuse (Stéphan Caracci au vibraphone et marimba ; Jean-Luc Di Fraya à la batterie et aux percussions), cette « cellule familiale » adosse sa musique à une volonté de brassage, de paix universelle et de contemplation. Les titres sont évocateurs : « Vers un monde nouveau », « Paix sur le monde », « Un moment de paix », « Lointain rivage », « Ville éternelle », « Prends le temps »…
Le temps, justement, dont Renaud García-Fons semble avoir la totale maîtrise, s’offrant le luxe de délivrer une musique à la fois accessible et universelle. Voilà plus de 30 ans que le contrebassiste – passé par l’ONJ de Claude Barthélémy à la fin des années 80 – multiplie les enchantements, seul, en duo ou en formation élargie. Blue Maqam est une nouvelle réussite à mettre à son actif, un caillou supplémentaire sur le chemin d’un musicien qu’on suit de projet en projet avec une passion intacte.