Chronique

Rob Clearfield

Ashes & Diamonds

Rob Clearfield (p), Greg Ward (as), Sam Weber (b), Quin Kirchner (dm)

Label / Distribution : Ears And Eyes Records

Le pianiste chicagoan désormais marseillais Rob Clearfield propose un nouvel opus en cinq mouvements issus des pensées ambivalentes que la pandémie de COVID 19 n’a pas manqué de générer chez lui. Ici, tout devient oxymore sous l’effet de son jeu en diaprures, tant son art relève de touches vibrantes de sensations colorées, fussent-elles chaudes ou froides. Des reproductions d’œuvres post-expressionnistes de la plasticienne Emily Pfaff illustrent le livre-disque, aux côtés d’extraits de partitions et de notes d’intention concernant les divers mouvements.

Avec ses compères, le pianiste crée un labyrinthe émotionnel. Par son jeu à la fois éthéré et enraciné, le saxophoniste Greg Ward (que l’on a pu écouter aux côtés de la contrebassiste Lynda May Han Oh ou du batteur Makaya McCraven) use de tout son vocabulaire polytonal pour mieux nous égarer entre les cendres et les diamants dont il est question. Cette dystopie bien réelle est conçue avec un bassiste électrique au jeu souvent très guitaristique et avec un batteur dont le colorisme le dispute au tellurique. Les rôles sont souvent inversés quant aux fonctions attendues des instruments, comme dans un carnaval des fous. Avec ce disque, Rob Clearfield nous convie dans un rituel post-pandémique aux vertus émancipatrices.