
Wynton Kelly Trio Wes Montgomery
Smokin’ In Seattle, live at the Penthouse
Wes Montgomery (g), Wynton Kelly (p), Ron McClure (b), Jimmy Cobb (dm)
Label / Distribution : Resonance Records
Du swing de feu ! Wes Montgomery retrouvant, en 1966, ses acolytes de la côte est pour un concert au Penthouse de Seattle, sur la côte ouest : ça ne pouvait que produire des étincelles. Et dire que la captation originale, réalisée par une radio locale, avait failli sombrer dans l’oubli, du fait de quelques scories inhérentes aux conditions de diffusion en direct. Y verrait-on quelque signe d’autocensure également que cela ne serait guère étonnant : le club avait un public mixte, ce qui n’allait pas sans générer quelque gêne dans la « bonne société » locale ; plus encore, le trio de Wynton Kelly est lui-même mixte, Ron McClure remplaçant au débotté Paul Chambers (pas une mince affaire).
Et il assure méchamment, le blanc-bec que l’on devait retrouver ultérieurement aux côtés de Charles Lloyd ou Keith Jarret, tenant plus qu’efficacement les murs de la maison pendant que Kelly et Jimmy Cobb se lancent dans des joutes piano/batterie. Quand le pianiste se lance dans des dialogues avec le guitariste, échangeant syncopes percussives (Kelly est d’origine jamaïcaine et a toujours valorisé une forme d’after-beat dans son jeu) contre chorus en accords (une spécialité du grand Wes, outre son jeu au pouce), le club entre en éruption.
Le répertoire se construit au petit bonheur la chance, introduisant des innovations comme cette réverbération sur la guitare pour la ballade « What’s New » (ce qui évacue le romantisme de la bluette pour donner à ce standard des atours mystérieux), culminant sur le tubesque « West Coast Blues » qui autorise alors le groupe à se lâcher complètement sur les deux derniers morceaux, terminant par un « Oleo » (composition de Sonny Rollins) dont la brièveté le dispute à l’urgence.