Scènes

Robin McKelle (Jazz à Saint-Germain des Prés)

One-woman show réussi à l’Institut Océanographique dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés.


One-woman show réussi à l’Institut Océanographique dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés.

Faire se trémousser un auguste amphithéâtre plus fait pour les leçons académiques que pour le rythm’n’blues, voilà quoi s’est amusée pendant près de deux heures Robin McKelle.

Photo © C. Taillemite
Robin McKelle « adôôôôre » Paris. Et vous le susurre avec un très gracieux sourire. Elle a sans doute moins adoré le lieu que lui avait réservé Jazz à Saint-Germain-des–Prés : la salle des séances de l’Institut Océanographique. Hors du temps, avec son atmosphère unique, ses banquettes de bois en rang d’oignon d’un côté et, tout en bas, sa minuscule estrade, façon piscine de poche, cette aire de jeux dévolue à la jeune femme et son trio piano-basse-batterie n’était pas sans risques.

Tout ça n’a pourtant pas décontenancé la belle. Ni le son un peu juste. Ni le manque de recul, de place, de projecteurs… Au contraire. Ayant laissé son trio prendre ses marques, tellurique, elle a emmené le spectateur où elle voulait, dès son entrée. On retiendra moins la performance musicale que ce one woman-show qui dégèle une salle d’autant plus sur sa réserve que les premiers rangs sont dévolus aux « invités ».

Entre soul et jazz, Robin McKelle, robe noire et blanche, reprend quelques-uns des succès du dernier album paru, Mess Around (« I Can’t See Nobody », etc.) Voix claire et nonchalante. Timbre chaleureux. Effets retenus. Un parti-pris, sans doute : même si sa voix sait aborder des nuances qui ne sont pas sans évoquer quelques grandes dames, l’artiste privilégie ici la soul ou le rythm’n & blues. Espiègle, elle veut d’abord la communion totale avec le public. L’obtient. Le fait chanter. Danser. Joint le geste à la parole en prenant sous son aile le premier spectateur qui se prête au jeu.

Mutine, façon « cheerleader », elle ne reprend son souffle et son sérieux que le temps d’un « Angel » en se glissant au piano : chanson marquée par le 11 septembre, lorsque la jeune femme gagnait sa vie comme démonstratrice dans un magasin de salle de bains à Los Angeles et découvrait, médusée, ce qui s’effondrait à New York. C’est d’ailleurs cette franchise palpable, cet aveu sans manières qui tire le public de sa curiosité polie.

Quelques thèmes encore, qui figureront sur le disque à paraître cet été, enregistré avec le trio de ce soir : Sam Barsh (claviers), Derek Nievergelt (basse), Adrian Harpham (drums), le temps d’électriser la salle, le public, et sa formation (qui gagnerait à disposer d’un peu de renfort). Un rappel prolongé. Une photo avec un petit spectateur. Et Robin McKelle disparaît par une improbable haute porte à double battants reconvertie en digne entrée des artistes.