Chronique

Russ Lossing & King Vulture

Alternate Side Parking Music

Russ Lossing (p, kb), Adam Kolker (ts, ss, bcl), Matt Pavolka (b), Dayeon Seok (dms).

Label / Distribution : Aqua Piazza Records

Le compositeur et pianiste Russ Lossing a une longue expérience des musiques improvisées ; il fut le partenaire de Paul Motian durant une décennie et une année après le décès du batteur à qui il dédia son superbe album en piano solo Drum Music. Russ Lossing a enregistré plus de vingt disques sous son nom et Alternate Side Parking Music est le sixième opus publié sous son label Aqua Piazza Records.

New-York inspire fortement ce pianiste : les sons et l’effervescence de la cité transparaissent dans les polyrythmies de ce nouveau quartet dénommé King Vulture. L’inspiration de l’album trouve son origine dans un fait pour le moins étonnant vécu par Russ Lossing, propriétaire d’une automobile à New-York. Il devait déplacer son véhicule d’un côté à l’autre de la rue alternativement et régulièrement, afin de permettre le nettoyage des rues. Bien souvent, il restait au volant, stationné en double file en attendant que l’engin de nettoyage passe du côté opposé de la rue. Cette expérience étrange donne naissance à un album longuement médité, écrit dans une automobile cernée par le fracas de Big Apple.

Certaines pièces musicales collent parfaitement à cette atmosphère urbaine : « Honk », habitée par des cellules rythmiques et répétitives, « Parallel Park » sublimée par l’envolée au saxophone d’Adam Kolker et « Cloned Again » domestiquée par ce quartet à l’entrain quasi mécanique. Adam, fort de ses expériences avec John Abercrombie, Fred Hersch et Billy Hart, se montre envoûtant à la clarinette basse, en particulier dans « Next 3 KM ». Matt Pavolka, qui fut honoré du prestigieux Prix Charles Mingus pour son travail de compositeur, forme un solide duo avec le batteur sud-coréen surdoué Dayeon Seok.

De surprenantes similarités avec le Workshop de Lyon se dégagent dans certaines pièces dont le dansant « Turn ». Certes, la cité des Gaules est aux antipodes de l’ambiance survoltée de la « Grosse Pomme », mais les cheminements exploratoires menés par Russ Lossing surprennent tout autant par leur sincère originalité.